A partir de la fin du IXe siècle commença une phase dite « scolastique » qui se polarisa dans une opposition entre deux branches du mutazilisme : l’une se trouvait à Basra, et l’autre à Bagdad.

Des querelles et réfutations

Le théologien mutazilite al-Jâhiz (m. 869) a écrit un ouvrage sur l’excellence du mutazilisme (Fadîlat al-muʿtazila), puis Ibn al-Râwandî (m. 910), venant de l’est du califat (où régnaient les Tâhirides, plus cléments avec les chiites qu’al-Mutawakkil) écrivit alors une réfutation de cet ouvrage (Fadîhat al-muʿtazila) notamment sur les oppositions au chiisme d’al-Jâhiz. Il insista notamment sur le fait que le Coran était rempli de contradictions mettant à mal la doctrine mutazilite. Il se désolidarisa du mouvement et fut traité d’hérétique (zindîq).

Cette crise produisit un choc et d’autres réfutations de mutazilites, créant ainsi deux écoles : l’une à Basra, l’autre à Bagdad. Pour l’école de Bagdad, c’est Abû l-Qâsim al-Balhî (al-Kaʿbî, m. 931) qui en fut le chef de file. Tandis que l’école de Basra était représentée par Abû Hâshim al-Jubbâ’î (m. 923).

Pour le siècle suivant, on peut citer les noms du Qâdî ʿAbd al-Jabbâr (m. 1025) de « l’école de Basra » et Abû l-Husayn al-Basrî (m. 1044) pour « l’école de Bagdad ».

Vers le délitement du mouvement

À partir du XIe siècle, le mutazilisme s’essouffle, notamment avec l’Épître d’al-Qâdir (1017-1018) dans laquelle le calife fit une « profession de foi » par laquelle il faisait du hanbalisme la doctrine officielle et condamnait ainsi le chiisme, mais aussi le mutazilisme et l’acharisme.

Les thèses du mutazilisme ne furent toutefois pas le monopole de ce groupe, et d’autres mouvants de l’islam les reprirent, et même en dehors de l’islam. Ainsi, les chiites imâmites et les zaydites eurent des théologiens et exégètes mutazilites.

Pour les points du credo, nous vous reportons à la page consacrée à ce thème. Les mutazilites ont ainsi développé au cours de l’histoire une ontologie, une physique, une vision du monde et de l’univers, une épistémologie hétérogène, dans lesquels émergèrent de nombreux points de vue différents, d’où l’intérêt de ce genre de mouvement hétéroclite.

Pour plus d’informations sur la Mihna et sur l’acharisme.

(Résumé de : BIANQUIS T. et alii (dir.), Les débuts du monde musulman (VIIe-Xe siècle). De Muhammad aux dynasties autonomes, Paris, PUF, 2012, p. 151-155)