Mutazilisme

Association pour la renaissance de l'islam mutazilite (ARIM)

Catégorie : Art et culture (Page 1 sur 2)

Les nouveaux Nomades de Félix Marquardt

Félix Marquardt, Les nouveaux nomades, la revanche d’Abel, Éditions Le Passeur, 336 p.

Partir, rester, migrer, revenir ? Si notre activité humaine est marquée par le mouvement, cette problématique prend une importance particulière dans notre époque, celle des changements continus. Félix Marquardt, lui-même parfaitement représentant de ce dynamisme, s’est attaqué à cette question dans son livre: Les nouveaux nomades, la revanche d’Abel.

Un mouvement spatial…
Dans ce livre, l’auteur porte son regard sur la figure des « nouveaux nomades ». À savoir ce type de personne originaire d’une région du monde et qui se retrouve, pour des raisons professionnelles ou personnelles, à vivre et à faire, loin de chez lui. Ainsi de la figure d’ Abderrahmane « Abdi » Diabaté, originaire du Mali et qui se retrouve à travailler dans une grande ferme de Redneck dans le fin fond du Montana aux États-Unis. Ainsi aussi de Natsuno Shinagawa, originaire de la région de Tochiji au Japon, passionnée par le continent africain, elle se retrouve à travailler à l’ambassade du Japon à Dakar au Sénégal. Ou encore de Jamie d’Australie, qui quitte son île continentale natale pour Londres afin de vivre sa vie en conciliant sa foi musulmane et son homosexualité de façon harmonieuse. Si le livre regorge d’exemples de personnes originaires de tous les continents et allant dans d’autres continents, parfois dans le sens Sud-Nord, mais aussi, Nord-Sud, voir Sud-Sud ; l’enjeu et l’intérêt de l’ouvrage de Félix Marquardt n’est pas dans les récits, pourtant toujours très instructifs et vivants, mais plutôt dans la grande leçon que l’on peut tirer de tous ces mouvements: les rencontres, les échanges, parfois entre des personnes a priori incompatibles. Et qui pourtant, s’avèrent très fertiles.

Ainsi de Abdi le Malien, qui se trouve accueilli dans le ranch de Cooper Sieben. Pris en main par Aaron, chef mécanicien du ranch, homme amoureux de la musique country et de Donald Trump. Abdi va pourtant se rapprocher de cet homme et avec qui il se liera d’amitié. Comme il le fera avec Jeff Soely en charge du cheptel de 1500 tête de bétail, aussi conservateur que Aaron, et amoureux de Trump comme lui. Et pourtant, là encore, la rencontre de Abdi le Malien avec ces Rednecks n’empêchera ni l’échange, ni le rapprochement, ni même l’amitié sans que l’un ne renonce à ce qu’il était auparavant.

…reflet d’un mouvement de la conscience

Et c’est sans doute là l’enjeu du livre de Félix Marquardt ainsi que sa « plus-value ». L’auteur nous montre que le mouvement est divers dans sa nature et qu’il n’est en réalité, pas uniquement géographique. En effet, non seulement Abdi (par exemple), quitte son pays et son continent, mais il sort ainsi de son monde, du confort que la connaissance des codes de sa société, de ses coutumes, langues etc. lui octroyait pour entrer dans un nouveau. Le déplacement n’a pas été que spatial, c’est aussi un effort de mouvement hors de soi. De même, Aaron et Jeff, nos deux Rednecks américains, ont du « sortir » de certaines de leurs appréhensions, faire des efforts pour faire une place à un nouveau venu d’un monde radicalement différent. Eux aussi ont du faire un effort pour aller au-delà de soi. Et c’est cet effort partagé, des uns et des autres qui s’avéra, in fine, fructueux.

Félix Marquardt @Feleaks Twitter (Photo: D.R.)

par conséquent, la plus grande rencontre que cet ouvrage décrit est celle qui mène à nous-mêmes en passant par l’effort d’ouverture véritable à l’autre, non pas l’autre moi (alter ego), celui avec qui je partage déjà les valeurs, la vision du monde, le point de vue etc. mais l’autre véritable, qui voit les choses autrement, pense autrement, vit autrement. Or cette découverte de l’autre, ne se trouve pas forcément à des milliers de kilomètres de chez soi, mais parfois juste en face. Félix Marquardt pousse les lecteurs à Franchir les différentes barrières (géographique, culturelles, politiques, et religieuses…) qui peuvent les séparer pour rencontrer l’autre et se rendre compte à quel point toutes les réalités sont liés.

Nous vivons sur une seule et même planète que nous partageons et dont les événements finissent par se répercuter les uns sur les autres. C’est pourquoi l’auteur ne perd jamais de vue les enjeux écologiques, culturels, et même géopolitiques de tous les mouvements dont il traite.

Au-delà des différences, Les nouveaux nomades est un livre qui montre à quel point nous vivons dans une interdépendance et que parfois, pour être nomade, il n’est pas nécessaire de quitter son chez soi physique, mais plutôt le confort souvent trompeur de ses propres représentations.

La conspiration du Caire

 

La conspiration du Caire (titre original : Walad min al-Jenna ‘un garçon du paradis’), film de Tarik Saleh

C’est l’histoire d’un jeune fils de pêcheur égyptien pauvre, qui décroche une bourse pour aller étudier dans la prestigieuse université religieuse (sunnite) de la capitale de son pays, Al Azhar. Toutefois, une fois sur place, Adam (joué par l’impressionnant Tawfeek Barhom), le jeune boursier, se trouve pris dans les intrigues qui suivent la mort du cheikh, grand imam de la grande institution.

Le jeune Adam (Tawfeek Barhom) photo: D.R.

Le film pointe les projecteurs sur un domaine peu connu du grand public, y compris musulman. Le Jeune Adam, contre son gré, se trouve pris au piège de la lutte entre factions qui convoitent le contrôle d’Al Azhar : faction pro-gouvernementale, islamiste, mais aussi, indépendante. Entre les mâchoires des différents protagonistes, le jeune Adam est avalé, digéré et recraché à plusieurs reprises. À chacune de ses sorties de digestion, le jeune étudiant se trouve transformé, moins innocent, plus conscient du monde dans lequel il évolue, et certainement, moins innocent.

Le colonel Ibrahim (Fares Fares) briefant le jaune Adam (tawfeek Barhom) (photo : D.R.)

Il faut noter que, outre le héros du film, certains personnages méritent d’être mentionnés tout spécialement. Ainsi de la figure ambiguë du colonel Ibrahim (joué par le célèbre Fares Fares apparu dans Sécurité rapprochée ou encore Rogue One : a Star War story) de la Sûreté d’État. Manipulateur, manipulé, sympathique et menaçant tout à la fois, il montre le visage d’un fonctionnaire tourmenté entre fidélité au régime, et pris de conscience, surtout après ses échanges avec l’un des religieux d’Al Azhar, le cheikh Nejm (Makram Khoury), cheikh aveugle représentant de la faction indépendante et populaire des religieux d’al-Azhar. De même que le camarade de chambre d’Adam, le jeune « branché » Raed (très bien joué par Ahmed Lassiaoui), fumeur de cigarettes, au T-shirts rock, abhorré par les élèves les plus conservateurs, mais récitateur du Coran hors-pair. Le film dresse une galerie de portraits complexes et nuancés.

Le jeune Raed, condisciple d’Adam (Ahmed Lassiaoui) (photo : D.R.)

En outre, le film montre tout à la fois la tartuferie de certains hiérarques, le poids de la lutte politique qui s’insinue dans tous les milieux, y compris religieux. Mais le film, peut-on vraiment le lui reprocher, ne condamne pas explicitement le régime militaire égyptien, mais en laisse deviner la cruauté et la criminalité dans certaines images subtiles, surtout celles montrant des flaques de sang sortirent de dessous les portes des cellules de la Sûreté. Et c’est peut-être là que le film apporte une plus-value particulière, à savoir la réalité avec laquelle doivent composer les Égyptiens, mais aussi tous ceux qui vivent dans ce type de régime, au détriment de tout type d’idéalisme, soit-il religieux, comme finiront par l’apprendre plusieurs personnages du film, Adam non des moindres. Un film passionnant.


Vidéo 1 sur les fondements du mutazilisme

Voici une vidéo de notre site partenaire, Les maisons de la sagesse. Première vidéo, sur les fondements du mutazilisme. Avec nos plus sincères remerciements à notre frère Yassine Zitouni. Bonne vision.

Dune… de Denis Villeneuve

Enfin…le film, nouvelle adaptation tant attendue, du chef d’œuvre de la littérature Science fiction (SF), Dune, écrit par Frank herbert, est enfin dans les salles. Un film à la hauteur des espoirs des lecteurs, et qui attirera très certainement de nouveaux lecteurs. 

(Image : D.R.)

Denis Villeneuve, le réalisateur de cet opus nous gratifie ici d’un travail cinématographique absolument incroyable en termes de lyrisme, de réalisation mais aussi d’interrogation. Autremkent dit, le réalisateur se montre à la hauteur des exigences du niveau du livre.

L’esprit du livre y est

Évidement, un film, aussi bien réalisé qu’il soit, ne pourra jamais rendre tous les détails d’une œuvre littéraire. Et ce n’est pas vraiment ce qu’on lui demande. Par contre, une adaptation cinématographique doit réussir à exprimer, au moins partiellement, quelque chose de l’esprit de l’œuvre initiale.

Tout n’est pas parfait, néanmoins le Dune de Villeneuve parvient à capter quelque chose du livre et réussit à plonger dans des interrogations qui semblent relever de plusieurs domaines à la fois. Destinée, choix, religion, sainteté, production, exploitation, loyauté, fidélité…trahison. Tout y est, ou est annoncé !

Quant au jeu des acteurs, bien qu’avant de voir le film, une certaine appréhension pouvait laisser un doute, tant Timothee Chalamet donnait l’impression d’être une star des ados. Mais dans ce film, lui et sa partenaire, Rebecca Fergusson, incarnant une très convaincante Lady Jessica, ont été à la hauteur et même davantage. Ici, il ne faudrait pas mettre de côté la performance de Oscar Isaac dans son rôle du duc Leto Atréides.

Dune : un récit islamo-bouddhiste ? 

L’un des traits marquants de l’oeuvre originelle de l’américain Frank Herbert (1920-1986), est l’omniprésence d’un fonds islamique à son oeuvre. Ainsi des références continues dans le film à des expressions comme « lissan al ghaib« , ou encore la référence au « mahdi » ou au titre donnée à Lady Jessica de « sayyidina« . Et encore, d’autres références présentes dans le livre n’ont pas encore été mises en avant dans le film, mais le seront très certainement dans les suites à venir. Une autre notion d’importance est mobilisée dans cet univers, celle de « Kwisatz Haderach« , expression probablement d’origine hébraïque qui signifie « court chemin ». Toutefois, on peut reconnaître aussi dans cette expression l’arabe « qâfez al turuq« , « celui qui saute dans les chemins » ou « à travers des chemins », expression aussi énigmatique en arabe qu’elle ne l’est en français. Même si cette notion est étrangère à l’islam, elle s’entend malgré tout. De même que le « Shai Khulud » (chose éternité).

Une des questions essentielles posées dans le film est de penser son action dans le monde, qu’on ait le choix ou non. Soit nous ne l’avons pas, et tout ce que nous faisons n’est que le résultat attendu d’un calcul préalable, soit nous sommes libres, et en agissant, nous mettons en place les éléments d’actions futures à venir. Mais peut-on échapper à ce cycle ? Peut-on sortir de la boucle du choix et/ou de la détermination liée à ce choix ? Et c’est ici que le lien avec la pensée bouddhiste se matérialise, peut-on sortir du cycle du samsara ? De cette boucle implacable qui nous mène des actes aux conséquences de manière constante et mécanique. Peu importe le prix de ces actes. Au passage, cette double affiliation des problématiques spirituelles dans Dune, islamique et bouddhiste, n’a rien de surprenant pour qui connaît les origines des Fremens, le peuple de la planète Arrakis, planète aussi appelée Dune. (Si vous souhaitez en savoir plus, allez lire les livres.) La question de la destinée, de son existence ou non, et de se penser libre ou non, toute cette problématique est ancienne et très vive en islam. 

Paul comprend l’enjeu, et longtemps refuse le rôle devant lequel il semble pourtant devoir tenir une place décisive. Agir, sauver la Maison Atréides et la porter au sommet ? Mais au prix d’une « guerre sainte », comme il est dit dans le film, qui sera meurtrière, d’autant plus qu’elle se fera à travers l’univers sur une humanité constituée de centaines de milliards d’individus. Ou alors, acceptera-t-il (Paul), une fin discrète, retirée du monde et des hommes, et qui mettra un terme à sa Maison, mais épargnera des millions de vies…

A la sortie de la projection, la seule question qui se pose est: à quand la suite ?

Tableau 7

Tableau 7

Tableau 6

Philippe Rémy Birioukoff

Tableau 5

Acrylique, encre de Chine couleurs et peintures vitrails. 100 × 80 Tableau 4

Acrylique, encre de Chine couleurs et peintures vitrails. 100 × 80 (Droit: Philippe Rémy Birioukoff)

Tableau 3

Marine. 60 × 50 acrylique (Droit : Philippe Rémy Birioukoff)

Tableau 2

 

Fusion. Acrylique, peinture vitrail et moon (Droit : Philippe Rémy Birioukoff)

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