Mutazilisme

Association pour la renaissance de l'islam mutazilite (ARIM)

Catégorie : Art et culture (Page 1 sur 3)

La conspiration du Caire

 

La conspiration du Caire (titre original : Walad min al-Jenna ‘un garçon du paradis’), film de Tarik Saleh

C’est l’histoire d’un jeune fils de pêcheur égyptien pauvre, qui décroche une bourse pour aller étudier dans la prestigieuse université religieuse (sunnite) de la capitale de son pays, Al Azhar. Toutefois, une fois sur place, Adam (joué par l’impressionnant Tawfeek Barhom), le jeune boursier, se trouve pris dans les intrigues qui suivent la mort du cheikh, grand imam de la grande institution.

Le jeune Adam (Tawfeek Barhom) photo: D.R.

Le film pointe les projecteurs sur un domaine peu connu du grand public, y compris musulman. Le Jeune Adam, contre son gré, se trouve pris au piège de la lutte entre factions qui convoitent le contrôle d’Al Azhar : faction pro-gouvernementale, islamiste, mais aussi, indépendante. Entre les mâchoires des différents protagonistes, le jeune Adam est avalé, digéré et recraché à plusieurs reprises. À chacune de ses sorties de digestion, le jeune étudiant se trouve transformé, moins innocent, plus conscient du monde dans lequel il évolue, et certainement, moins innocent.

Le colonel Ibrahim (Fares Fares) briefant le jaune Adam (tawfeek Barhom) (photo : D.R.)

Il faut noter que, outre le héros du film, certains personnages méritent d’être mentionnés tout spécialement. Ainsi de la figure ambiguë du colonel Ibrahim (joué par le célèbre Fares Fares apparu dans Sécurité rapprochée ou encore Rogue One : a Star War story) de la Sûreté d’État. Manipulateur, manipulé, sympathique et menaçant tout à la fois, il montre le visage d’un fonctionnaire tourmenté entre fidélité au régime, et pris de conscience, surtout après ses échanges avec l’un des religieux d’Al Azhar, le cheikh Nejm (Makram Khoury), cheikh aveugle représentant de la faction indépendante et populaire des religieux d’al-Azhar. De même que le camarade de chambre d’Adam, le jeune « branché » Raed (très bien joué par Ahmed Lassiaoui), fumeur de cigarettes, au T-shirts rock, abhorré par les élèves les plus conservateurs, mais récitateur du Coran hors-pair. Le film dresse une galerie de portraits complexes et nuancés.

Le jeune Raed, condisciple d’Adam (Ahmed Lassiaoui) (photo : D.R.)

En outre, le film montre tout à la fois la tartuferie de certains hiérarques, le poids de la lutte politique qui s’insinue dans tous les milieux, y compris religieux. Mais le film, peut-on vraiment le lui reprocher, ne condamne pas explicitement le régime militaire égyptien, mais en laisse deviner la cruauté et la criminalité dans certaines images subtiles, surtout celles montrant des flaques de sang sortirent de dessous les portes des cellules de la Sûreté. Et c’est peut-être là que le film apporte une plus-value particulière, à savoir la réalité avec laquelle doivent composer les Égyptiens, mais aussi tous ceux qui vivent dans ce type de régime, au détriment de tout type d’idéalisme, soit-il religieux, comme finiront par l’apprendre plusieurs personnages du film, Adam non des moindres. Un film passionnant.


Vidéo 6 sur la critique du hadith

Aujourd’hui la question du hadith. Remerciements spéciaux non seulement à Yassine Zitouni, mais aussi à messieurs Islam Ibn Ahmed et Salik al-Hanif.

Vidéo 4 sur le principe d’induction et l’occasionnalisme

Le principe d’induction et l’occasionnalisme. Merci au frère Yassine.

Vidéo 5 sur le verbe ja’ala (جعل)

Aujourd’hui, un peu de linguistique avec le frère Yassine Zitouni. Grand merci à lui.

Vidéo 3 Débat entre un mutazilite et des ash’arites

Merci aux participants, notamment à notre frère Yassine Zitouni, surtout que ce fut une longue conversation. L’usage de certains termes peut être discuté…mais le débat s’est tenu dans un bon esprit. Plus bas, la vidéo du debrief par le frère Yassine.

 

Vidéo 2 sur la question de la morale

Merci à nos frères Yassine Zitouni, et Maly Hosseinpour pour cet échange vivant et intéressant sur la morale.

Vidéo 1 sur les fondements du mutazilisme

Voici une vidéo de notre site partenaire, Les maisons de la sagesse. Première vidéo, sur les fondements du mutazilisme. Avec nos plus sincères remerciements à notre frère Yassine Zitouni. Bonne vision.

Dune… de Denis Villeneuve

Enfin…le film, nouvelle adaptation tant attendue, du chef d’œuvre de la littérature Science fiction (SF), Dune, écrit par Frank herbert, est enfin dans les salles. Un film à la hauteur des espoirs des lecteurs, et qui attirera très certainement de nouveaux lecteurs. 

(Image : D.R.)

Denis Villeneuve, le réalisateur de cet opus nous gratifie ici d’un travail cinématographique absolument incroyable en termes de lyrisme, de réalisation mais aussi d’interrogation. Autremkent dit, le réalisateur se montre à la hauteur des exigences du niveau du livre.

L’esprit du livre y est

Évidement, un film, aussi bien réalisé qu’il soit, ne pourra jamais rendre tous les détails d’une œuvre littéraire. Et ce n’est pas vraiment ce qu’on lui demande. Par contre, une adaptation cinématographique doit réussir à exprimer, au moins partiellement, quelque chose de l’esprit de l’œuvre initiale.

Tout n’est pas parfait, néanmoins le Dune de Villeneuve parvient à capter quelque chose du livre et réussit à plonger dans des interrogations qui semblent relever de plusieurs domaines à la fois. Destinée, choix, religion, sainteté, production, exploitation, loyauté, fidélité…trahison. Tout y est, ou est annoncé !

Quant au jeu des acteurs, bien qu’avant de voir le film, une certaine appréhension pouvait laisser un doute, tant Timothee Chalamet donnait l’impression d’être une star des ados. Mais dans ce film, lui et sa partenaire, Rebecca Fergusson, incarnant une très convaincante Lady Jessica, ont été à la hauteur et même davantage. Ici, il ne faudrait pas mettre de côté la performance de Oscar Isaac dans son rôle du duc Leto Atréides.

Dune : un récit islamo-bouddhiste ? 

L’un des traits marquants de l’oeuvre originelle de l’américain Frank Herbert (1920-1986), est l’omniprésence d’un fonds islamique à son oeuvre. Ainsi des références continues dans le film à des expressions comme « lissan al ghaib« , ou encore la référence au « mahdi » ou au titre donnée à Lady Jessica de « sayyidina« . Et encore, d’autres références présentes dans le livre n’ont pas encore été mises en avant dans le film, mais le seront très certainement dans les suites à venir. Une autre notion d’importance est mobilisée dans cet univers, celle de « Kwisatz Haderach« , expression probablement d’origine hébraïque qui signifie « court chemin ». Toutefois, on peut reconnaître aussi dans cette expression l’arabe « qâfez al turuq« , « celui qui saute dans les chemins » ou « à travers des chemins », expression aussi énigmatique en arabe qu’elle ne l’est en français. Même si cette notion est étrangère à l’islam, elle s’entend malgré tout. De même que le « Shai Khulud » (chose éternité).

Une des questions essentielles posées dans le film est de penser son action dans le monde, qu’on ait le choix ou non. Soit nous ne l’avons pas, et tout ce que nous faisons n’est que le résultat attendu d’un calcul préalable, soit nous sommes libres, et en agissant, nous mettons en place les éléments d’actions futures à venir. Mais peut-on échapper à ce cycle ? Peut-on sortir de la boucle du choix et/ou de la détermination liée à ce choix ? Et c’est ici que le lien avec la pensée bouddhiste se matérialise, peut-on sortir du cycle du samsara ? De cette boucle implacable qui nous mène des actes aux conséquences de manière constante et mécanique. Peu importe le prix de ces actes. Au passage, cette double affiliation des problématiques spirituelles dans Dune, islamique et bouddhiste, n’a rien de surprenant pour qui connaît les origines des Fremens, le peuple de la planète Arrakis, planète aussi appelée Dune. (Si vous souhaitez en savoir plus, allez lire les livres.) La question de la destinée, de son existence ou non, et de se penser libre ou non, toute cette problématique est ancienne et très vive en islam. 

Paul comprend l’enjeu, et longtemps refuse le rôle devant lequel il semble pourtant devoir tenir une place décisive. Agir, sauver la Maison Atréides et la porter au sommet ? Mais au prix d’une « guerre sainte », comme il est dit dans le film, qui sera meurtrière, d’autant plus qu’elle se fera à travers l’univers sur une humanité constituée de centaines de milliards d’individus. Ou alors, acceptera-t-il (Paul), une fin discrète, retirée du monde et des hommes, et qui mettra un terme à sa Maison, mais épargnera des millions de vies…

A la sortie de la projection, la seule question qui se pose est: à quand la suite ?

Tableau 7

Tableau 7

Tableau 6

Philippe Rémy Birioukoff

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