Si Dieu est infiniment bon, pourquoi nous aurait-il doté de l’intelligence pour nous enfermer dans l’imitation au travers de dogmes ?

Une question qui me revient souvent et de manière récurrente, où est la part de libre arbitre si dès le départ tout était programmé ? Quelle valeur a donc les actions bonnes ou mauvaises de l’Homme s’il n’était qu’un automate qui répéterait les gestes programmés par le Seigneur ? Enfin, concernant le jour du Jugement, pourquoi Dieu punirait-Il l’Homme pour ses péchés si tout était prédestiné et si l’Homme n’était pas le décideur ?

Ces questions posent celle de notre manière de réfléchir. Faut-il user de ce que Dieu nous a doté à nous seuls, les hommes et femmes, l’intelligence, la capacité d’abstraction spéculative pour trouver des solutions, ou bien prendre au pied et à la lettre ce qui est transcrit dans le Noble Coran ? Le débat entre le volontarisme absolu et le libre arbitre, est un débat millénaire qui n’est toujours pas clos et qui ne le sera probablement jamais. Mais aujourd’hui, au XXIe siècle, comment aborder de façon rationaliste notre foi ? Comment, par notre raisonnement et en prenant en compte les avancées scientifiques, bâtir une logique qui ne soit ni exclusive, ni dogmatique, mais qui puisse nous permettre de comprendre de manière éclairée le message coranique ?

« Nous ne nous définissons pas par nous-mêmes, mais par un autre et nous ne (nous) définissons pas par ce que nous sommes, mais par ce que nous avons hérité (…). Nous ne nous projetons pas dans le futur, mais dans le passé. Pire, nous n’espérons pas d’autres avenir que l’impossible résurrection de notre passé. » (Slim Laghmani, Le pensable et le possible, Casablanca, Editions Le Fennec, 2005, p. 34)

Pour sortir de l’impasse de l’imitation aveugle, nous devons interpréter le message coranique pour en garder le sens à la lumière des connaissances rationnelles. Il faut user de logique spéculative, de rationalisme. Le motif étant l’hypothèse que la réalité peut être approchée en quelque façon – et le message divin compris et accepté par l’usage de la raison. Ce faisant, nous obéissons aux prescriptions récurrentes du Coran, qui nous invitent à faire preuve de discernement.

Mais que faut-il entendre par la « raison » ? À travers la diversité des sens qui ont été et sont donnés à ce terme:

  • La raison est intelligence plutôt qu’instinct ou réactions affectives ;
  • La raison renvoie à des principes, cadres de la connaissance et de l’action, qui sont plus ou moins explicites mais appellent et supportent l’élucidation ;
  • La raison procède par enchaînements de concepts et non par juxtaposition et enchevêtrement d’images, de métaphores et de mythes.

« Et cette orthodoxie est un strict volontarisme divin, le dogme de l’absolue liberté de la volonté divine et de la totale incompétence de la raison dans l’intelligence du dogme. Cette orthodoxie qu’aujourd’hui on identifie à l’islam, alors qu’elle n’en a été qu’une lecture. » (Slim Laghmani, op. cit., p.94)

Ce rationalisme s’oppose bien évidemment à l’habitude générale qui est d’imiter dans chaque phase de sa vie le Prophète. Il suppose de développer une réflexion critique, ouverte, personnelle, de méditer et chercher à comprendre ce que Dieu attend de nous par l’interprétation des paroles coraniques à l’aube des connaissances modernes. Nous avons besoin de la raison pour progresser et nous améliorer.