Voici une traduction d’un article écrit par un auteur égyptien philo-mutazilite, Muhammad Mamun Rashid. 

La première règle de la science du hadith dit que « tous les compagnons étaient des justes ». Ibn Uthaimin définit le « compagnon » comme étant celui qui «  a rencontré le prophète (sawas), qui a cru en lui et est mort avec cette croyance dans le cœur ». Ibn Uthaimin ajoute « à cela s’ajoute celui qui a abjuré l’islam après la mort du prophète (sawas) et puis s’est repenti et est retourné à l’islam, comme Al-Ash’ath Ibn Qays, qui a fait partie des gens qui avaient abjuré l’islam après la mort du prophète (sawas). Il a été fait prisonnier et amené au calife Abû Bakr. Il s’est alors repenti, et Abû Bakr l’a admis au nombre des membres de la communauté musulmane.

Al-Bukhârî dit « quiconque a accompagné le prophète (sawas), et a fait partie des musulmans, fait partie des compagnons » (« Livre sur la noblesse des compagnons », Sahîh Bukhârî). Le nombre des compagnons aurait atteint 300.000 personnes (sic) selon Abû Zurʿa al-Râzî. Ainsi, Al-Bukhârî considère que toute personne qui a vu le prophète (sawas) (l’a simplement vu), est un compagnon « juste », considéré « de confiance » et en droit de rapporter des hadiths.

Mais qu’en est-il des hypocrites ? Ceux qui ont vu le prophète, se sont convertis à l’islam extérieurement, mais dont la foi n’a jamais franchi les lèvres alors que leurs cœurs sont restés incroyants ?

La ville du prophète, Médine, ainsi que ses environs étaient pleine d’hypocrites qui ont vu le prophète, adhéré publiquement à l’islam tout en restant infidèles dans leurs cœurs. Le Prophète ne connaissait pas l’identité de tous les hypocrites.

« Parmi les bédouins qui vous entourent, il est des hypocrites, et parmi les Médinois, des enragés dans l’hypocrisie. Tu [Muhammad] ne les connais pas, mais Nous les connaissons. Nous les châtierons par deux fois, et, pis encore, ils seront ramenés à un terrible tourment. » (9:101)

Tous ces hypocrites sont des compagnons justes d’après la définition d’Al-Bukhârî. Ces hypocrites sont ceux qui nous ont transmis les hadiths. Les vrais compagnons se caractérisent par le fait qu’ils n’ont transmis que peu de hadiths. C’est ce que dit Al-Bukhârî lui-même :

« Sa’ib Ibn Yazid a dit : j’ai fréquenté ʿAbd al-Rahman ibn Awf, Talha Ibn ʿUbayd Allah, Al-Muqdad, et Saʿd [Ibn Abî Waqqas], que Dieu les agréé, et je n’ai entendu aucun d’eux rapporté un propos du prophète (sawas), sauf Talha qui a évoqué le jour d’Uhud »

Par ailleurs, Al-Bukhârî dit aussi :

« Quiconque accompagne le prophète est un compagnon juste, et il ne doit pas être médit ou remis en question. 

Le prophète (sawas) ne savait pas qui étaient tous les hypocrites (9:101). Il ne savait pas qui a dit croire en lui, l’a vu et écouté, s’est converti à l’islam tout en gardant dans son cœur l’incrédulité. Al-Bukhârî et Abû Muslim définissent toute personne ayant vu le prophète et entendu parler [et morte musulmane] comme étant un compagnon juste et noble. C’est pourquoi ils ont pris des hadiths qu’ils nous ont transmis sous le nom de Sunna (tradition) de ces personnes.

Nous ne réfutons pas les vrais et nobles compagnons, mais nous disons que la croyance selon laquelle toute personne ayant vu ou entendu le prophète (sawas) serait un compagnon juste et noble relève de la stupidité.

« Quand les hypocrites te sont venus, ils ont dit : « Nous témoignons que tu es l’Envoyé de Dieu. » Or, Dieu sait que tu es bien Son Envoyé et Dieu témoigne que les hypocrites, pour sûr, ne font que mentir » (63:1)

Ce sont ces hypocrites qui nous ont transmis la Sunna. Ceci est la « première » règle de la « science » du hadith. Et nous appelons cela « science ».