Mutazilisme

Association pour la renaissance de l'islam mutazilite (ARIM)

Acrylique, encre de Chine couleurs et peintures vitrails. 100 × 80 Tableau 4

Acrylique, encre de Chine couleurs et peintures vitrails. 100 × 80 (Droit: Philippe Rémy Birioukoff)

La salāt (prière) selon le rite hanafite

Tout ce document ne vise qu’à donner un guide usuel pour toute personne désireuse de structurer sa pratique religieuse islamique. Il ne garantit en rien l’approbation divine ou une place au paradis. Le culte répond à un rituel, et c’est ce rituel que j’ai voulu expliciter en m’appuyant essentiellement sur l’approche hanafite. Mais je tiens à rappeler que le hanafisme auquel je fais ici référence se revendique des premiers maîtres, Abû Hanifa, Muhammad al-Shaybâni, Abû Yûssuf, et Zufar (ra). Pas à celui que l’on trouve aujourd’hui sur les sites web dits « hanafites », mais qui s’inscrivent dorénavant, et pour l’essentiel dans la filiation traditionniste (si ce n’est pour certains, carrément salafistes). Notre hanafisme se revendique pleinement de l’école de Koufa, il donne à l’ijtihâd, et donc à la raison une place de choix. Si ce document vous aide d’une quelconque manière, tant mieux, mais votre salut, ou plutôt, votre bonheur, n’est pas à chercher ici, mais dans vos intentions, actions, et réalisations d’après ce qu’en dit le Coran. Chacun garde sa totale liberté et autonomie, il n’est pas question ici d’apporter un jugement de valeur ou à obliger quiconque de faire quoi que ce soit. Chaque acte doit être fait parce qu’on le veut, et non de façon contrainte. Ce document n’a qu’un but : éclairer sur une pratique cultuelle importante, celle de la prière en islam, selon le rite hanafite. Ce qui n’invalide en aucune manière toute autre façon de prier ou de se tourner vers Lui. Ici, je ne fais que d’en proposer une parmi des milliers. Et Dieu sait le mieux. 

Deux schémas récapitulatifs se trouvent à la fin de la présentation

Avant la prière, établir le temps de prière (iqāma) :

Dieu est plus grand, Dieu est plus grand
Dieu est plus grand, Dieu est plus grand

J’atteste qu’il n’y a de Dieu que Dieu

J’atteste qu’il n’y a de Dieu que Dieu

J’atteste que Muhammad est messager de Dieu

J’atteste que Muhammad est messager de Dieu

Accourez à la prière
Accourez à la prière
Accourez à la félicité
Accourez à la félicité
La prière a commencé
La prière a commencé
Dieu est plus grand, Dieu est plus grand

Il n’y a de Dieu que Dieu

En arabe:

Allāhu akbar, Allāhu Abkar
Allāhu akbar, Allāhu Abkar
Ach’hadou ana lā illāha iIla allāh

Ach’hadou ana lā illāha illa allāh

Ach’hadou ana mouḥamedan rassoul allah

Ach’hadou ana mouḥamedan rassoul allah

Ḥaya Alā Assalāt

Ḥaya Alā Assalāt

Ḥaya Alā Al Falāh
Ḥaya Alā Al Falāh
Qad qāmat al salāt, qad qāmat al salāt

Allāhu akbar, Allāhu akbar

Lā ilāha illa allāh

Prononcer l’intention (nyya) et l’entrée en consécration pour le temps de la prière:

Seigneur, j’ai l’intention d’accomplir la prière du [fajr, dhuhr, ʿasr, maghrib, ʿichā; witr; voire nāfila, istikhāra…] Allāhuma inni nawayt salāt al-[ fajr, dhuhr, ʿasr, maghrib, ʿichā; witr; voire nāfila, istikhāra…] et enchaîner sans pause en levant les deux mains à hauteur de tête, de manière à ce que les pouces contactent les lobes des deux oreilles, et prononcer “Allāhu akbar”. Cette étape est appellée “takbīrat ul- iḥrām” et marque l’entrée dans un état de consecration du temps de prière.

Ensuite, on pose sa main droite au dessus de sa main gauche juste sous le nombril, de manière à ce que l’auriculaire de la main droite soit au contact du pouce. Puis on introduit la prière par cette invocation: “Gloire à Toi, ô mon Dieu et par ta louange, bénis soit Ton nom et exaltée Ta grandeur, il n’est de Dieu que Toi”

Subḥānaka Allāhuma wa biḥamdik, tabāraka ismaka, wa taʿāla jiddaka, wa lā illāha ghayraka

Lire la Fātiḥa
Je prends refuge en Dieu contre Satan le lapidé, Par le nom de Dieu Le Clément, Miséricordieux
Louange à Dieu, Seigneur des Univers, Le tout miséricorde, le Miséricordieux

Le Roi du Jour de l’allégeance
C’est toi que nous adorons, Toi de qui le secours implorons.

Guide-nous sur la voie de rectitude
La voie de ceux que Tu as gratifié, non pas celle des réprouvés, non plus que de ceux qui s’égarent.

Aʿūdhū billāhi mina achaïtāni erradjīm

Bismi illāhi erraḥmāni erraḥīm
Al ḥamdu lillāh rabbi al-ālamīn
Erraḥmāni erraḥīm

Māliki yawmi-d-dīn
iyyāka nʿa-boudou wa iyyāka nastaʿīn Ihdinā sirāta-l-moustaqīm Sirāta-l-ladhīna anʿamta ʿalayhim Raïr-il mardhoubi ʿalayhim wa lā-d-dhālīn

Lire un peu de Coran après la fātiḥa (deux premières Rakkʿāt):

Soit une sourate, généralement parmi les plus courtes, de la fin du Coran, soit l’équivalent de trois versets, ou d’un long verset.

Puis takbīr (dire : Allāhu akbar), le takbīr est prononcé à chaque changement de position, il constitue la transition entre les différentes étapes de la salāt.

L’inclination (rak’a, qui est l’unité de mesure de la prière), s’incliner et

dire :

Gloire à mon Seigneur, le majestueux (x3)

Puis takbīr (dire : Allāhu akbar)

Se redresser et dire :

Dieu écoute celui le remercie

Puis takbīr (dire : Allāhu akbar)

Subḥāna Rabbi al-ʿadhīm Subḥāna Rabbi al-ʿadhīm Subḥāna Rabbi al-ʿadhīm Allāhu akbar

Samiʿa allāhou liman ḥamidah, rabbanā wa-laka al-ḥamd Allāhu akbar

La prosternation (sejda), se prosterner et dire:

Gloire à mon Seigneur le Très-Haut
Puis Takbīr
Au cours de cette étape, le corps est le plus rapproché au sol, le plus tourné vers son centre, et au plus bas, c’est aussi le moment où Dieu est « plus proche ».
Le corps est au contact du sol en 7 points : Les orteils pliés (x2) en direction de la qibla,

les genoux (x2), les paumes (x2 pas les avant-bras), et le visage (le front et le nez).

Subḥāna rabbī al-ʿlā Subḥāna rabbī al-ʿlā Subḥāna rabbī al-ʿlā

Se mettre à genoux :

On s’assoit entre deux prosternations en posant les mains sur les cuisses
Puis Takbīr

Se prosterner et dire :

Gloire à mon Seigneur le Très-Haut Puis Takbīr

Allāhu akbar

Allāhu akbar

Subḥāna rabbī al-ʿlā Subḥāna rabbī al-ʿlā Subḥāna rabbī al-ʿlā Allāhu akbar

Chaque deux rakʿāt, en restant à genoux, la Salutation (tashahud) :

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Après la deuxième prosternation, on se pose de manière à ce que les fesses reposent sur les talons, les mains posées sur les genoux. On ne lève l’index qu’à l’énoncé de la main droite que lors de la négation dans l’attestation de foi (shahāda), quand on dit « ach’hadu anna lā illāha », puis on le baisse à « illā Allāh »

Les salutations reviennent à Dieu ainsi que les prières et toutes choses agréables, que la paix soit sur toi, ô prophète, ainsi que la miséricorde et les bénédictions de Dieu. Que le salut et la paix soient sur nous ainsi que sur tous les vertueux serviteurs de Dieu. J’atteste qu’il n’est d’autre Dieu que Dieu, Seul et sans associé, et j’atteste que Muhammad est le serviteur et l’envoyé de Dieu.

Lors de la dernière station on lui ajoute la salāt ibrāhimyya, la prière abrahamique : « Ô mon Dieu, Lie-Toi à Muḥammad et à la famille de Muḥammad, comme Tu T’es lié à Abraham et à la famille d’Abraham ; Bénis Muhammad et la famille de Muhammad, comme tu as béni Abraham et la famille d’Abraham, car Tu es Magnanime et Glorieux. »

Suite à quoi, il est recommandé de réciter un petit du’a (supplication) qui commence par la formule Rabbanâ, « Notre Seigneur », exemple : Rabbana âtina fil donia hassana, wa fil âkhira hassan, wa qinâ min adhâb al nâr/ Notre Seigneur, accorde nous du bien dans ce monde, et dans la vie dernière, et épargne-nous des souffrances du feu.  

Récapitulatif en schémas annexe 1 & 2

Cas 1 : S’il s’agit d’une prière de deux rakʿāt, deux unités de prière, on salue en tournant la tête vers la droite comme pour regarder son épaule, et dire le salām ; puis la même chose à gauche. Cette étape marque la sortie du temps de consécration de la prière qui avait commencé avec la takbīrat ul-iḥrām

Cas 2 : S’il s’agit d’une prière en 3 ou 4 unités de prière (rakʿāt : dhuhr, ʿasr, maghrib, ʿichā et witr), on prononce le Takbīr (Allāhu akbar), puis on renouvelle les mêmes étapes.

On récite la Salutation toutes les deux rak’āt systématiquement. Lors des prières impairs, on la récite à la fin de la deuxième rakʿa, puis à la fin de la troisième (maghrib et witr)

al-taḥyyātu lillāh, wa-salāwātu wa-l- tayyibātu lillāh, as-salāmu-ʿaleyka ayouhā al-nabbyy wa-raḥmatu-llahi wa barākātuhu, as-salāmu ʿaleynā wa ʿalā ʿibādullāhi as- sāliḥīn ; Ach’hadu anna lā illāha illā Allāh, Wa ach’hadou ana Muhammadan ʿabduhu wa rassūlihu

Allhuma sallī ʿalā Muḥammad wa ʿalā āli Muḥammad kamā salytou ʿalā Ibrāhīm wa

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ʿlā āli Ibrāhīm, Allāhuma bārik ʿalā Muḥammad wa ʿalā āli Muḥammad, kamā bārakta ʿala Ibrāhīm wa ʿalā āli ībrāhīm, innak ḥamīd majīd

As-salāmu ʿaleykom wa-raḥmatullāh As-salāmu ʿaleykom wa-raḥmatullāh

Quelques recommandations importantes :

  • Selon l’école hanafite, il est fortement recommandé, tant pour les hommes que pourles femmes de se couvrir la tête pendant la prière. En effet, la salât est un temps de consécration où l’on tend vers notre Seigneur. On se couvre la tête lorsque l’on souhaite se protéger de quelque chose. Ici, il ne s’agit pas de se protéger de Lui, évidemment, mais de marquer Sa présence. C’est comme marquer la présence de quelque chose au-dessus de nous, et donc marquer notre rang, important, créature spécifique parmi les vivants, créatures parmi les autres néanmoins. Mais se couvrir la tête n’est pas une obligation, juste un conseil appuyé. `
  • Les lectures à voix haute (jahr) ou à voix basse (sirr) : la prière du Fajr (l’aube), et les deux premiers cycles (rak’at) de la prière du maghrib et du icha doivent se faire à voix haute. Le reste à voix basse. On définit la voix haute dans le hanafisme, à partir du moment où notre voix porte à équivalent de quelques rangées (pour les malikites, c’est lorsque l’on s’entend soi-même). Autrement dit, si vous vous entendez réciter pendant une prière « secrète » (sirr), il n’y a pas de souci. Pour les prières surérogatoires, il n’y a pas de règles. Vous faites comme vous l’entendez.Une des explications de cette diversité, voix haute, voix basse, viendrait du fait que les prières à voix haute, sont censées avoir lieu à des moments de relative obscurité. Soit l’aube (fajr), le soleil n’est pas encore là, même s’il arrive, soit le crépuscule (maghrib), soit il fait nuit noire (icha). Or, réciter à voix haute est une manière de remplir l’espace de la présence du message de Dieu à un moment de fragilité (surtout si l’on ramène cela à une époque où l’éclairage public n’était pas le nôtre).
  • Dernière recommandation et non des moindres, il est préférable de dire la basmala avant de réciter des sourates ou des versets, à chaque cycle de prière. La formulation est intégrée au Coran, et nous lisons tous avant chaque sourate (à l’exception de la 9e) « par le nom de Dieu Le Clément, Miséricordieux »/bismillah ar-rahman ar-rahim. Inversement, prononcer le « amin » après la Fatiha n’est en rien une obligation, et ce terme est absent du Texte.Wa Allahu a’lam (Dieu sait le mieux)

Annexe 1 

Annexe 2

Tableau 3

Marine. 60 × 50 acrylique (Droit : Philippe Rémy Birioukoff)

Tableau 2

 

Fusion. Acrylique, peinture vitrail et moon (Droit : Philippe Rémy Birioukoff)

Derviche tourneur. Acrylique, peinture vitrail et moon Tableau 1

Avec ce tableau, nous continuons de donner à la culture une expression libre sur notre site en inaugurant la rubrique « Art pictural ». Nous tenons à remercier Philippe Rémy Birioukoff pour son aimable et généreuse participation qui nous a permis d’ouvrir cette rubrique. D’autres tableaux seront régulièrement publiés  inchallah. Bonne contemplation ! 

 

Droit : Philippe Rémy Birioukoff

Derviche tourneur. Acrylique, peinture vitrail et moon (Droit : Philippe Rémy Birioukoff)

Aïd mubārak, tous nos voeux de bonheur et de célébrations agréées

Salam à tou.te.s, 

En ce premier jour de Chawwāl 1441, l’association pour la renaissance de l’islam mutazilite vous souhaite à tou.te.s un excellent Aïd célébré avec vos proches (autant que faire se peut). Que Dieu agréé nos dévotions et qu’Il nous éclaire par le savoir et le discernement et qu’Il nous illumine de Sa présence, Lui qui est « Lumière sur Lumière ».

Notre activité s’est ralentie ces derniers temps, mais nous revenons très bientôt à une activité plus visible inchallah.

Wa salāmu aleykom

Compte-rendu du cercle de discussion du 18 janvier 2020

Samedi 18 janvier dernier, se tenait le premier cercle de discussion abordant la nouvelle thématique de cette année, à savoir « être mutazilite aujourd’hui ». Pour cette première, il a été question de savoir si le mutazilisme pouvait mieux aider les musulmans qui y adhèrent, à vivre en Occident.

Mutazilisme et Occident selon le sheikh al-Haydari

Cette question a émergé suite à une sorte de conférence de rédaction en ligne tenue entre les membres de l’ARIM. Celle-ci m’a tout particulièrement retenue mon attention car elle faisait écho à des propos tenus par un religieux shi’ite imamite irakien, le sheikh Kamal al-Haydari, marja’ (référent religieux et guide). Dans une vidéo extraite d’un de ses cours filmés, le sheikh al-Haydari a estimé que l’Occident vivait conformément à la pensée ou à la philosophie mutazilite (voir ici). En effet, il a estimé que les occidentaux s’estimaient responsables de leurs actes et de leur devenir. Certes, aux yeux du religieux irakien, les occidentaux continuent d’aller à l’église le dimanche matin et rendent donc grâce à Dieu. Mais, pour lui, ils partent du principe qu’ils maîtrisent complètement leur destin. Pour sheikh al-Haydari, cette manière de concevoir les choses et de vivre, est conforme à la vision mutazilite.

Les causes secondes (tawalud)

Ainsi, il précise que certains « auteurs mutazilites » (sans préciser de nom), ont expliqué que, si jamais nous devions imaginé que Dieu ne soit plus là, que Dieu est mort (comme le dira Nietzsche), cela changerait-il quoique ce soit au fonctionnement du monde ? La réponse est non. Car pour les mutazilites, Dieu a créé le monde avec ces règles, comme il a créé les humains dotés de certaines spécificités et règles, ce que le sheikh dénomme tafwidh (que l’on peut traduire par débordement, mais que nous mutazila préférons désigner sous le vocable de tawalud, ou « causes secondes »). Le tout fonctionne de manière autonome. C’est pourquoi, sheikh Kamal al-Haydari explique la position des mutazilites en prenant un exemple architectural. Ainsi, une fois un bâtiment mis sur plan par un architecte, et une fois celui-ci mis sur pieds par des maçons, le bâtiment a-t-il encore besoin de l’architecte et des maçons pour exister ? Evidemment, la réponse est négative. Dans le même ordre d’idées, sheikh Kamal al-Haydari compare les discours dans les avions entre Occident et monde musulman. En Occident, le commandant de bord annonce l’heure d’arrivée prévue, et combien de temps durera le vol. Dans le monde musulman,  chaque annonce est ponctuée par l’expression « inchallah » (si Dieu veut). Façon de dire que là où les occidentaux s’en remettent à eux-mêmes, les orientaux, in fine, s’en remettent à Dieu. Plus profondément encore, le religieux irakien précise que c’est grâce à cette philosophie que les occidentaux ont pu obtenir une amélioration de leur condition (droits sociaux, politique, économique, cultuel…) et donc, faire progresser la condition humaine.

Ainsi, le sheikh shiite, en recourant à un raisonnement analogique, montre comment l’application de la philosophie mutazilite en Occident a permis de faire évoluer la situation humaine en Occident. Evidemment, l’Occident ne pratique pas la philosophie mutazilite sciemment. Mais à partir du moment où libre-arbitre et principe de raison suffisante (nihil est sine ratione, rien n’est sans raison) sont reconnus, alors mêmes causes, mêmes effets. En fin de vidéo, le sheikh dit bien que cette manière de voir n’est pas celle du shiisme duodécimain, de même qu’il rejette l’abandon à la volonté divine et la prédestination (jabr).

Pour conclure, nous dirons tout simplement que le mutazilisme insiste sur la capacité des Hommes à faire par eux-mêmes, créateurs de leurs actes et donc responsables. Pensée qui sort le croyant d’une mise sous tutelle et d’une forme d’infantilisation des croyants.

Wa Allahu a’lam

Les animaux sont-ils au service de l’Homme ? 2/2

Suite et fin de l’article sur le rapport de l’islam aux animaux par Nazzam, retrouvez le premier volet ici

L’objet de ce nouveau texte est de prolonger quelque peu le raisonnement qui a donné lieu à la première partie.

source: wikimediacommons

Oiseau sous forme écriture arabe calligraphiée.

Tout d’abord, il est primordial de rappeler que le point de vue de l’islam sur le règne animal n’est pas homogène, pas plus ni moins que le point de vue de l’Homme en général. Que la tradition en ait fait un objet utilitaire, mais qu’il est défendu de faire souffrir, est le simple reflet d’une partie de l’humanité pour un exclusivisme humain. De même que dans le monde occidental, nous sommes passés d’un moyen-âge qui n’hésitait pas à citer des animaux en justice, ce qui représente la reconnaissance d’un statut juridique certain, à la seule reconnaissance des droits de l’Homme. Pour des raisons somme toute assez différentes, la situation des animaux a connu le même destin d’une civilisation à une autre.

Si on revient vers ces théologiens anciens qui essayaient de trouver une place à chaque règne, on ne peut s’empêcher de s’étonner que leur écho soit devenu presque inaudible.

 

Tradition

Il est devenu presque naturel de considérer l’animal comme un garde-manger, même s’il faut concéder que le fiqh(jurisprudence islamique) ne permet pas de traiter n’importe comment la faune, avec plus ou moins d’intensité suivant l’espèce. Parce que le problème est bien là, la tradition est clémente pour certaines espèces mais en maudit d’autres (que j’ai citées en première partie) alors que le texte fondateur de l’islam n’émet aucune différence entre les communautés (oumma) :

« Sourate 6 (les bestiaux), verset 38

Aucune bête sur terre ni oiseau volant de ses deux ailes, qui ne constitue des matries [Note : communautés religieuses. Le terme « oumma » est cité ici] semblables aux vôtres. »

 

 

Mu’tazilisme

Les quelques théologiens mu’tazilites cités en première partie émettent un avis certes original, je dirais même assez révolutionnaire compte tenu de l’époque.

Nazzâm (m. entre 835 et 845) va même jusqu’à les placer dans la catégorie des enfants et des déficients mentaux pour mieux justifier le fait qu’on ne peut leur reprocher la vie qu’ils mènent. Ils seront sauvés d’après lui, ne serait-ce que par l’entremise de la compensation.

Al-Jâhiz (m. 867), pourtant une sommité mutazilite, a un avis fort semblable aux tenants de ladite tradition. Les animaux auraient une « fonction », à l’image des prédateurs qui se chargeraient des damnés en enfer Élément assez perturbant, sachant qu’il ne s’agit nullement d’un mu’tazilite tardif, au contraire du cadi Abd al-Jabbâr (m. 1025), qui va dans le même sens que Nazzâm pour ce qui est du principe de la compensation.

 

Éthologie animale

L’éthologie animale est une discipline scientifique mettant l’accent sur l’étude du comportement propre à la faune.

Konrad Lorenz (m. en 1989), l’un des fondateurs de cette discipline, identifie deux tendances : l’une behavioriste qui évoque l’apprentissage dans le comportement, donc de la primauté du milieu de vie, et l’autre naturaliste, qui insiste sur un instinct naturel.

En tant que mu’tazilite, on y voit un parfait parallèle entre la prédestination du point de vue de la tradition et celle défendue par les mu’tazilites. Néanmoins, ce n’est pas aussi simple et on ne peut se permettre de tenir ce raisonnement.

Ces écoles de pensée catégorisent ce qui ne doit pas forcément l’être. D’ailleurs, Konrad Lorenz va plus loin en séparant les comportements et en attribuant certains à l’instinct, et d’autres à l’apprentissage.

Depuis, des spécialistes comme Dian Fossey et Jane Goodal montrent que les animaux sont capables d’émotions, de frustrations, d’attachement et d’abstraction. D’autres études mettent l’accent sur un rapport de subordination et une faculté de communication, et ce même avec d’autres espèces. Le cas de coopérations dans le cadre d’une relation parasite revient souvent.

À titre d’exemple, les migrations des oiseaux sont instinctives. Les toiles des araignées obéissent au même constat, celles-ci sont parfaites alors qu’un apprentissage n’a jamais été observé.

 

L’inné et l’apprentissage

Les deux exemples, qui sont très loin d’être exhaustifs, vont dans le sens de l’inné. En effet, si on y ajoute le mode de consommation, comment ne pas tomber dans ce piège si on ne pousse pas la réflexion plus loin ?

Il est de notoriété que l’Homme choisit son mode de consommation. Certains choisissent de se passer de viande, et d’autres de tout produit contenant la moindre trace d’une espèce animale.

L’Homme, supposé plus intelligent, peut se permettre cet écart « contre nature » (à supposer que l’être humain est destiné à manger de la viande animale), mais pas la faune.

Cette assertion est partiellement vraie. Certains animaux sont omnivores et ne consomment que ce qu’ils trouvent. D’autres sont conditionnés par les facultés physiques, comme la dentition ou le système digestif, qui ne permet pas à un carnivore de manger des végétaux à foison. Ils n’ont donc pas forcément le luxe d’un tel choix.

Néanmoins, il serait malvenu d’affirmer que l’inné ne joue pas un rôle, d’ailleurs l’Homme aussi y est soumis.

 

L’Homme et l’inné

Comme indiqué en supra, l’être humain n’échappe pas à cette fatalité dictée par la génétique, mais elle n’est pas non plus absolue.

Plusieurs études laissent à penser que nous sommes conditionnés à vivre en société, que la vie en solitaire est synonyme de souffrance. L’Homme est aussi soumis à sa « mission » de procréation.

Par contre, certains ascètes se sont essayés à la solitude, mais le font par dévotion. Là où l’être humain est différent, c’est dans sa manière à dépasser sa supposée nature profonde, qui n’est pas forcément innée, mais peut découler d’un conformisme sociétal. Il va quelques fois rejeter son milieu pour penser différemment, partir vivre ailleurs.

Certains humains sont incapables de la moindre individualité ou remise en question.

L’Homme, comme l’animal, est dépendant de son anatomie et ne peut décider de vivre uniquement d’eau, et ce même si son esprit le lui dicte. La quasi-totalité ne peut se passer du clan, de l’ethnie et des préceptes religieux du « milieu ».

Finalement, seule une minorité des humains peut dépasser sa condition.Conséquences

Peut-on vraiment affirmer que l’Homme est supérieur après avoir analysé ces éléments, après les avoir croisés avec les textes musulmans ? Pas forcément !

Le coran parle dans le verset en supra (sourate 6, verset 38) de communautés semblables aux nôtres. La spécificité de l’Homme est à chercher dans une autre sourate :

« Sourate 49 (les appartements), verset 13

Ô vous les humains ! Vraiment, Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Et Nous vous avons constitués en peuples et sociétés afin que vous vous entre-connaissiez. »

D’ailleurs, le dépôt confié à l’Homme est clairement évoqué dans le coran. Ce même dépôt constitue la particularité de l’être humain. Cette particularité en entraine une autre dans le verset en supra.

Le contact de peuples et de sociétés a fait évoluer l’Homme bien au-delà de ce qu’il aurait pu espérer en vivant en vase clos. Les guerres, le commerce et les conversions religieuses ont rythmé le développement humain à travers les siècles. Son impact sur Terre a débuté précisément à cause de cette altérité.

Peut-on légitimement se poser la question de la différence de notre espèce, qui ne dépend finalement que de cette rencontre entre peuples ?

 

L’Homme et l’animal

Les deux règnes semblent s’opposer, l’un dominant l’autre sans aucune compassion.

Le dépôt nous semble être naturel et nous laisse comme seule obligation un culte vers Dieu.

Un mystique de Baghdad, Hallâj (m. en 922), et son maitre Junayd (m. en 910) ont eu une discussion qui à elle seule justifie la lecture de l’ouvrage de Pierre LORY :

« Junayd, se tournant vers Hallâj, lui dit “ Pose la question que tu veux. ” Hallâj demanda : “Qu’est-ce qui produit la différence entre l’individuel et la nature (chez l’homme) ?”.  

Junayd répondit : “Je ne vois dans tes paroles que curiosité. Pourquoi ne m’interroges-tu pas sur ton désire de dépasser tes semblables ? »

Cette question, pourtant primordiale ne pouvait pas se poser.  Rien d’autre ne semble avoir d’importance que le culte et l’Homme est censé baser sa vie sur une volonté de gagner une place au paradis.

Le dépôt confié n’est pas une responsabilité vis-à-vis de cette Terre que nous saccageons ?

Plus l’Homme se multiplie, plus sa responsabilité collective est engagée. L’animal, que nous pensons dominer, ne dispose pas du dépôt confié, mais reste un habitant de cette Terre que nous surconsommons, que nous exploitons sans aucune retenue.

La faune dispose d’une sensibilité et d’une intelligence que nous ignorons souvent.

Notre rapport à cette espèce doit être revu ! Nous devons baser notre consommation sur nos besoins vitaux et non sur une gourmandise qui loin de nous sauver, nous enfonce dans un égoïsme qui est loin de la volonté divine de miséricorde.

La porte fermée

On raconte plein d’histoires sur la porte de la vallée des chauves-souris, depuis longtemps fermée. C’est une porte monumentale en bronze forgé, perchée sur la vallée et que personne ne sait ce qu’elle cache. Certains racontent qu’elle est hantée par des esprits maléfiques, d’autres racontent que c’est le bi cornu « Dhû-l-Qarnayn » lui-même qui l’a forgée pour faire barrage à Gog et Magog ce peuple qui sortira à la fin des temps pour anéantir l’humanité. Plein d’autres histoires toutes aussi bizarres les unes que les autres, et la disparition de plusieurs de ceux qui ont tenté de l’ouvrir ou de s’y introduire confirment bien les superstitions autour de cette porte.

Dans le village de Khabi’â qui veut dire cachée et qui bien protégée par les montagnes là où aucune route ne passe, ni aucun voyageur, ses habitants vivent de l’élevage et de quelques cultures. Dans le village, personne ne s’approche de la porte ni même de la vallée des chauves-souris, on transmettait cette méfiance de génération en génération et chacune d’elle rajoute des affabulations, les vieilles racontent pleins d’anecdotes sur la porte et on menaçait même les petits, quand ils faisaient des bêtises, de les envoyer à la vallée des chauves-souris , pour les attacher à la porte maudite.

De loin, on aperçoit la porte, imposante et majestueuse, qu’est-ce qu’y a derrière ? que Cache cette porte ? Personne ne le sait dans le village et surtout personne ne veut savoir, on détourne les yeux de cette région et on évite de s’y aventurer ni par le regard ni même par l’imagination, on se contente de ce que les anciens ont raconté. La superstition a fait son effet et a enveloppé la porte de plusieurs couches d’ignorance et de méfiance.

 

« quand la connaissance devient un lourd fardeau, l’ignorance devient un confort »

 

Sur la route entre la ville de Jari’â (audacieuse) et la ville de Mâarifa (connaissance), Fahmane (celui qui comprend) chemine tout seul, il a pris l’habitude de voyager tout seul et n’apprécie plus la compagnie des voyageurs trop méfiants avec leurs histoires farfelues sur les dangers de la route, les brigands et surtout les monstres imaginaires. Fahmane pense qu’on devrait ressentir les effets positifs du voyage, apprécier la rencontre avec les autres cultures, profiter de la cohabitation avec l’autre qui est différent et surtout prendre le temps de méditer sur les différents paysages qu’offre la route. Et pour mieux profiter du calme et ne pas perdre son temps avec les bavardages inutiles, il préfère voyager seul sinon à la queue de la caravane. Fahmane se pose souvent des questions et se fie à sa raison plus que tout et aussi à son cœur quand la raison ne lui souffle pas de réponse convenable.

En ce jour bien ensoleillé, Fahmane s’est laissé distancer par la caravane, il chemine seul pour mieux méditer et laisser voguer son esprit, il a osé sortir ses sentiers battus et dévier sa route pour aller à la découverte de l’inconnu. Plusieurs jours sans rencontrer ni ses compagnons de caravane ni aucune âme qui vive, il s’enfonce dans une zone montagneuse, … Il aperçoit de loin une grande porte !

Arrivé à la ville de Khabi’â un peu avant l’aube, il a frappé à la première porte et s’est évanoui d’épuisement. Au petit matin, toute la ville s’est réunie autour de ce voyageur égaré, ça faisait trop longtemps que les gens de la ville n’avaient pas vu un étranger, cloîtrés entre eux dans cet espace confiné entre les montages, ils parlaient tous la même langue, la langue de la région avec le petit accent des montagnards. A peine réveillé, les questions fusent, on demanda à Fahmane, d’où il venait, quel était son nom, quel chemin il avait pris, s’était-il égaré ou venait-il visiter leur ville ?? Fahmane répondait à chacune des questions avec des explications supplémentaires, il avait compris que ses gens ont été longtemps coupés du monde extérieur et n’avaient aucune connaissance de ce qui se passait ailleurs que dans leur ville et ses alentours.

Après quelques jours d’exploration, Fahmane demande au sujet de la grande porte ! les habitants lui ont expliqué qu’elle était maudite, et que dans cette vallée ou vivent des chauves-souris, personne ne devrait s’y aventurer au risque de disparaître ou d’être happé par des djinns maléfiques. Fahmane cherche alors des explications plus raisonnables mais aucune des histoires ne l’a convaincu, il décide alors d’aller voir de lui-même et d’explorer les lieux.

– Tu n’as pas peur Fahmane ?

– La peur est à la frontière de la raison, après cette frontière, le minuscule insecte deviendra un énorme monstre sanguinaire. La peur, mes amis, est un amplificateur des superstitions et des histoire farfelues.

– Et tu n’as pas peur de mourir ?

– Qu’est-ce que la mort si ce n’est le sel de la vie, sans la mort la vie n’aura pas de goût, et à la fin personne n’y échappera, à quoi bon avoir peur !

– Que Dieu te protège, Fahmane l’audacieux !

 

« La mort est le sel de la vie, sans la mort la vie n’aura pas de goût »

 

 

Arrivé au pied de la vallée des chauves-souris, Fahmane escalade la paroi et arrive enfin devant la gigantesque porte en bronze forgé !

C’est ça la fameuse porte qui hante les habitants de Khabi’â ? Fahmane inspecte la porte et remarque que les charnières sont usées et ne tiennent plus, d’un coup d’épaule elle s’effondre laissant apparaître une sorte de tunnel. A l’entrée de ce tunnel est écrit : « C’est le chemin vers Mâarifa, il ne le passera que l’audacieux doué de raison »

Et depuis le passage de Fahmane à la ville de Khabi’â, les gens commencent à s’aventurer dans la vallée des chauves-souris et quelques ’uns ont même osé traverser le tunnel vers Mâarifa et sont revenus pour éduquer et apprendre aux autres ce qu’ils ont appris. Les histoires farfelues sont redevenues des contes et la raison a réussi à déchirer les voiles de l’ignorance.

Quelques siècles après, …

Ô que je souhaite que ma communauté déchire enfin les voiles de l’ignorance et ouvre enfin la porte que les anciens ont fermé !

« Celui d’entre vous qui voit un mal qu’il le change ! »

Voici une petite fiction intéressante pensée et écrite par Sofiane. Une invitation à la méditation…

Il faisait chaud en cette journée du Ramadan, le souk est grouillant des va et vient des acheteurs et rempli de cris des vendeurs aux visages ternes et fatigués par la faim et la soif.

Sheddad (شدّاد) l’étudiant du fiqh effectuait sa tournée de l’après-midi, on l’appelait ainsi, depuis qu’il était étudiant pendant un temps chez un faqih. C’est chez lui qu’il a appris le fiqh et surtout comment l’appliquer, il guettait tout et n’hésite pas à user de son gourdin qu’il transportait partout dans ses tournées d’inspection à la recherche du moindre écart ou manquement aux rites. Il répétait sans cesse un hadith rapporté du Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) « Celui d’entre vous qui voit un mal qu’il le change par sa main. S’il ne peut pas alors par sa langue et s’il ne peut pas alors avec son cœur et ceci est le niveau le plus faible de la foi », Shedad préfère user de sa main et son gourdin, il veut montrer que sa foi est forte.

Dans une allée du marché, là où les vendeurs de sirops proposaient leurs breuvages alléchants, Attar (عطّار) le vendeur de parfum récemment installé dans la ville, négociait le prix d’un pot de sirops de fruit, il prit le pot et sirotant une bonne gorgée. Sheddad qui n’était pas loin derrière, lui a crié « Hé toi l’hérétique, tu oses boire durant le Ramadan ? », et tout de suite un attroupement s’est constitué autour d’Attar, des coups, des cris et des crachas pleuvent sur le pauvre Attar. Mangeur de Ramadan, Fatir (déjeuneur), mécréant (kafir) lui criait la foule. Il y avait, en ses instants, une violence soudaine et ravageuse comme un volcan qui bouillonnait depuis des siècles et qui entre soudainement en éruption, comme-si la soif, la faim et la fatigue de tous les gens de la ville s’est concentrée en une boule de violence contenue et qui s’est abattue sur le coupable désigné. La dernière chose qu’Attar a aperçue était le gourdin de Shedad s’abattant sur lui avant de sombrer dans l’inconscience à moitié mort.

Le cadi Abu Fahmane (أبوفهمان) assis en tailleur lisait le livre d’Abu Nasr Mohamed Al Farabi « les avis des gens de la cité vertueuse ». Il était nommé cadi de la ville depuis trois ans, c’est un cadi ouvert d’esprit et fin connaisseur du fiqh des quatre écoles, il s’intéresse aussi à la philosophie, à Al Mantiq (la logique) et d’autres sciences profanes.

Le bruit de la foule dehors lui parvient aux oreilles, il range précipitamment son livre, dans cette ville les livres de philosophie ne sont pas les bienvenus et un cadi qui s’adonne à cette science risque de se voir réprimé par le sultan ou le wali (gouverneur) de la ville. Arrivés devant la demeure du cadi qui est aussi le tribunal de la ville (Dar al qadha’a), la foule s’immobilisa à sa tête Sheddad gourdin à la main, les cris et les insultes s’élèvent en direction de Attar porté par deux hommes qui le tiennent par les épaules. L’arrivée du cadi impose le silence, Sheddad s’avance et s’incline pour saluer le cadi et explique qu’il a vu de ses propres yeux le monsieur boire un sirop de fruit en plein journée du Ramadan. Le cadi demande à des serviteurs d’emmener Attar à l’intérieur et ordonne à la foule de partir, Sheddad n’avait pas l’air de vouloir partir et demande de juger sur-le-champ le mécréant Attar.

Le cadi déclare alors que le jugement s’effectuera quand le pauvre homme se tiendra sur ses deux pieds et pas avant, il ordonne à ses gardes d’installer Attar dans une chambre et fait appeler le médecin.

Le jour du jugement, la foule est revenue et Sheddad, son gourdin accroché à sa ceinture, est là.

Le Cadi commence par demander le premier témoin, Sheddad, et lui demande de raconter ce qui s’est passé ?

– J’ai vu ce mécréant boire un jus en pleine journée de Ramadan, et je l’ai donc arrêté !

– Et ensuite ?

– Je l’ai frappé de mon gourdin, pour le punir.

– Et pourquoi tu l’as frappé ?

– Je n’ai fait qu’appliquer le hadith de notre prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) « Celui d’entre vous qui voit un mal qu’il le change par sa … ! »

Le Cadi l’arrête et lui demande, et tu as changé quoi ?

Sheddad se montre confus, et dit que boire pendant le jeûne du Ramadan est une transgression grave et mérite châtiment.

Le cadi explique alors, à Sheddad que la décision de punir ne lui appartient pas, et qu’il a mal agi et que ce qu’il a fait mérite punition.

Le cadi appelle ensuite Attar et lui demande pourquoi il a bu hier après-midi en pleine journée du Ramadan ?

– J’avais soif et j’ai acheté un sirop de fruit pour boire !

– tu ne fais pas le Ramadan ?

– Je suis chrétien, répond Attar

Le cadi s’excuse auprès d’Attar, et lui attribue dix pièces d’or en guise de réparation, et il prononce une amande de vingt dinars que Sheddad devra verser à Attar et vingt coups de fouets en public à l’encontre de Sheddad.

Deux semaines plus-tard, Attar fu assassiné, le cadi démis de ses fonctions et envoyé en exil. Sheddad triomphe et la foule avec lui, ils vécurent dans la misère et l’ignorance pendant des siècles et des siècles !

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