
Fusion. Acrylique, peinture vitrail et moon (Droit : Philippe Rémy Birioukoff)
Avec ce tableau, nous continuons de donner à la culture une expression libre sur notre site en inaugurant la rubrique « Art pictural ». Nous tenons à remercier Philippe Rémy Birioukoff pour son aimable et généreuse participation qui nous a permis d’ouvrir cette rubrique. D’autres tableaux seront régulièrement publiés inchallah. Bonne contemplation !
Derviche tourneur. Acrylique, peinture vitrail et moon (Droit : Philippe Rémy Birioukoff)
Salam à tou.te.s,
En ce premier jour de Chawwāl 1441, l’association pour la renaissance de l’islam mutazilite vous souhaite à tou.te.s un excellent Aïd célébré avec vos proches (autant que faire se peut). Que Dieu agréé nos dévotions et qu’Il nous éclaire par le savoir et le discernement et qu’Il nous illumine de Sa présence, Lui qui est « Lumière sur Lumière ».
Notre activité s’est ralentie ces derniers temps, mais nous revenons très bientôt à une activité plus visible inchallah.
Wa salāmu aleykom
Samedi 18 janvier dernier, se tenait le premier cercle de discussion abordant la nouvelle thématique de cette année, à savoir « être mutazilite aujourd’hui ». Pour cette première, il a été question de savoir si le mutazilisme pouvait mieux aider les musulmans qui y adhèrent, à vivre en Occident.
Mutazilisme et Occident selon le sheikh al-Haydari
Cette question a émergé suite à une sorte de conférence de rédaction en ligne tenue entre les membres de l’ARIM. Celle-ci m’a tout particulièrement retenue mon attention car elle faisait écho à des propos tenus par un religieux shi’ite imamite irakien, le sheikh Kamal al-Haydari, marja’ (référent religieux et guide). Dans une vidéo extraite d’un de ses cours filmés, le sheikh al-Haydari a estimé que l’Occident vivait conformément à la pensée ou à la philosophie mutazilite (voir ici). En effet, il a estimé que les occidentaux s’estimaient responsables de leurs actes et de leur devenir. Certes, aux yeux du religieux irakien, les occidentaux continuent d’aller à l’église le dimanche matin et rendent donc grâce à Dieu. Mais, pour lui, ils partent du principe qu’ils maîtrisent complètement leur destin. Pour sheikh al-Haydari, cette manière de concevoir les choses et de vivre, est conforme à la vision mutazilite.
Les causes secondes (tawalud)
Ainsi, il précise que certains « auteurs mutazilites » (sans préciser de nom), ont expliqué que, si jamais nous devions imaginé que Dieu ne soit plus là, que Dieu est mort (comme le dira Nietzsche), cela changerait-il quoique ce soit au fonctionnement du monde ? La réponse est non. Car pour les mutazilites, Dieu a créé le monde avec ces règles, comme il a créé les humains dotés de certaines spécificités et règles, ce que le sheikh dénomme tafwidh (que l’on peut traduire par débordement, mais que nous mutazila préférons désigner sous le vocable de tawalud, ou « causes secondes »). Le tout fonctionne de manière autonome. C’est pourquoi, sheikh Kamal al-Haydari explique la position des mutazilites en prenant un exemple architectural. Ainsi, une fois un bâtiment mis sur plan par un architecte, et une fois celui-ci mis sur pieds par des maçons, le bâtiment a-t-il encore besoin de l’architecte et des maçons pour exister ? Evidemment, la réponse est négative. Dans le même ordre d’idées, sheikh Kamal al-Haydari compare les discours dans les avions entre Occident et monde musulman. En Occident, le commandant de bord annonce l’heure d’arrivée prévue, et combien de temps durera le vol. Dans le monde musulman, chaque annonce est ponctuée par l’expression « inchallah » (si Dieu veut). Façon de dire que là où les occidentaux s’en remettent à eux-mêmes, les orientaux, in fine, s’en remettent à Dieu. Plus profondément encore, le religieux irakien précise que c’est grâce à cette philosophie que les occidentaux ont pu obtenir une amélioration de leur condition (droits sociaux, politique, économique, cultuel…) et donc, faire progresser la condition humaine.
Ainsi, le sheikh shiite, en recourant à un raisonnement analogique, montre comment l’application de la philosophie mutazilite en Occident a permis de faire évoluer la situation humaine en Occident. Evidemment, l’Occident ne pratique pas la philosophie mutazilite sciemment. Mais à partir du moment où libre-arbitre et principe de raison suffisante (nihil est sine ratione, rien n’est sans raison) sont reconnus, alors mêmes causes, mêmes effets. En fin de vidéo, le sheikh dit bien que cette manière de voir n’est pas celle du shiisme duodécimain, de même qu’il rejette l’abandon à la volonté divine et la prédestination (jabr).
Pour conclure, nous dirons tout simplement que le mutazilisme insiste sur la capacité des Hommes à faire par eux-mêmes, créateurs de leurs actes et donc responsables. Pensée qui sort le croyant d’une mise sous tutelle et d’une forme d’infantilisation des croyants.
Wa Allahu a’lam
Suite et fin de l’article sur le rapport de l’islam aux animaux par Nazzam, retrouvez le premier volet ici
L’objet de ce nouveau texte est de prolonger quelque peu le raisonnement qui a donné lieu à la première partie.
Oiseau sous forme écriture arabe calligraphiée.
Tout d’abord, il est primordial de rappeler que le point de vue de l’islam sur le règne animal n’est pas homogène, pas plus ni moins que le point de vue de l’Homme en général. Que la tradition en ait fait un objet utilitaire, mais qu’il est défendu de faire souffrir, est le simple reflet d’une partie de l’humanité pour un exclusivisme humain. De même que dans le monde occidental, nous sommes passés d’un moyen-âge qui n’hésitait pas à citer des animaux en justice, ce qui représente la reconnaissance d’un statut juridique certain, à la seule reconnaissance des droits de l’Homme. Pour des raisons somme toute assez différentes, la situation des animaux a connu le même destin d’une civilisation à une autre.
Si on revient vers ces théologiens anciens qui essayaient de trouver une place à chaque règne, on ne peut s’empêcher de s’étonner que leur écho soit devenu presque inaudible.
Tradition
Il est devenu presque naturel de considérer l’animal comme un garde-manger, même s’il faut concéder que le fiqh(jurisprudence islamique) ne permet pas de traiter n’importe comment la faune, avec plus ou moins d’intensité suivant l’espèce. Parce que le problème est bien là, la tradition est clémente pour certaines espèces mais en maudit d’autres (que j’ai citées en première partie) alors que le texte fondateur de l’islam n’émet aucune différence entre les communautés (oumma) :
« Sourate 6 (les bestiaux), verset 38
Aucune bête sur terre ni oiseau volant de ses deux ailes, qui ne constitue des matries [Note : communautés religieuses. Le terme « oumma » est cité ici] semblables aux vôtres. »
Mu’tazilisme
Les quelques théologiens mu’tazilites cités en première partie émettent un avis certes original, je dirais même assez révolutionnaire compte tenu de l’époque.
Nazzâm (m. entre 835 et 845) va même jusqu’à les placer dans la catégorie des enfants et des déficients mentaux pour mieux justifier le fait qu’on ne peut leur reprocher la vie qu’ils mènent. Ils seront sauvés d’après lui, ne serait-ce que par l’entremise de la compensation.
Al-Jâhiz (m. 867), pourtant une sommité mutazilite, a un avis fort semblable aux tenants de ladite tradition. Les animaux auraient une « fonction », à l’image des prédateurs qui se chargeraient des damnés en enfer Élément assez perturbant, sachant qu’il ne s’agit nullement d’un mu’tazilite tardif, au contraire du cadi Abd al-Jabbâr (m. 1025), qui va dans le même sens que Nazzâm pour ce qui est du principe de la compensation.
Éthologie animale
L’éthologie animale est une discipline scientifique mettant l’accent sur l’étude du comportement propre à la faune.
Konrad Lorenz (m. en 1989), l’un des fondateurs de cette discipline, identifie deux tendances : l’une behavioriste qui évoque l’apprentissage dans le comportement, donc de la primauté du milieu de vie, et l’autre naturaliste, qui insiste sur un instinct naturel.
En tant que mu’tazilite, on y voit un parfait parallèle entre la prédestination du point de vue de la tradition et celle défendue par les mu’tazilites. Néanmoins, ce n’est pas aussi simple et on ne peut se permettre de tenir ce raisonnement.
Ces écoles de pensée catégorisent ce qui ne doit pas forcément l’être. D’ailleurs, Konrad Lorenz va plus loin en séparant les comportements et en attribuant certains à l’instinct, et d’autres à l’apprentissage.
Depuis, des spécialistes comme Dian Fossey et Jane Goodal montrent que les animaux sont capables d’émotions, de frustrations, d’attachement et d’abstraction. D’autres études mettent l’accent sur un rapport de subordination et une faculté de communication, et ce même avec d’autres espèces. Le cas de coopérations dans le cadre d’une relation parasite revient souvent.
À titre d’exemple, les migrations des oiseaux sont instinctives. Les toiles des araignées obéissent au même constat, celles-ci sont parfaites alors qu’un apprentissage n’a jamais été observé.
L’inné et l’apprentissage
Les deux exemples, qui sont très loin d’être exhaustifs, vont dans le sens de l’inné. En effet, si on y ajoute le mode de consommation, comment ne pas tomber dans ce piège si on ne pousse pas la réflexion plus loin ?
Il est de notoriété que l’Homme choisit son mode de consommation. Certains choisissent de se passer de viande, et d’autres de tout produit contenant la moindre trace d’une espèce animale.
L’Homme, supposé plus intelligent, peut se permettre cet écart « contre nature » (à supposer que l’être humain est destiné à manger de la viande animale), mais pas la faune.
Cette assertion est partiellement vraie. Certains animaux sont omnivores et ne consomment que ce qu’ils trouvent. D’autres sont conditionnés par les facultés physiques, comme la dentition ou le système digestif, qui ne permet pas à un carnivore de manger des végétaux à foison. Ils n’ont donc pas forcément le luxe d’un tel choix.
Néanmoins, il serait malvenu d’affirmer que l’inné ne joue pas un rôle, d’ailleurs l’Homme aussi y est soumis.
L’Homme et l’inné
Comme indiqué en supra, l’être humain n’échappe pas à cette fatalité dictée par la génétique, mais elle n’est pas non plus absolue.
Plusieurs études laissent à penser que nous sommes conditionnés à vivre en société, que la vie en solitaire est synonyme de souffrance. L’Homme est aussi soumis à sa « mission » de procréation.
Par contre, certains ascètes se sont essayés à la solitude, mais le font par dévotion. Là où l’être humain est différent, c’est dans sa manière à dépasser sa supposée nature profonde, qui n’est pas forcément innée, mais peut découler d’un conformisme sociétal. Il va quelques fois rejeter son milieu pour penser différemment, partir vivre ailleurs.
Certains humains sont incapables de la moindre individualité ou remise en question.
L’Homme, comme l’animal, est dépendant de son anatomie et ne peut décider de vivre uniquement d’eau, et ce même si son esprit le lui dicte. La quasi-totalité ne peut se passer du clan, de l’ethnie et des préceptes religieux du « milieu ».
Finalement, seule une minorité des humains peut dépasser sa condition.Conséquences
Peut-on vraiment affirmer que l’Homme est supérieur après avoir analysé ces éléments, après les avoir croisés avec les textes musulmans ? Pas forcément !
Le coran parle dans le verset en supra (sourate 6, verset 38) de communautés semblables aux nôtres. La spécificité de l’Homme est à chercher dans une autre sourate :
« Sourate 49 (les appartements), verset 13
Ô vous les humains ! Vraiment, Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Et Nous vous avons constitués en peuples et sociétés afin que vous vous entre-connaissiez. »
D’ailleurs, le dépôt confié à l’Homme est clairement évoqué dans le coran. Ce même dépôt constitue la particularité de l’être humain. Cette particularité en entraine une autre dans le verset en supra.
Le contact de peuples et de sociétés a fait évoluer l’Homme bien au-delà de ce qu’il aurait pu espérer en vivant en vase clos. Les guerres, le commerce et les conversions religieuses ont rythmé le développement humain à travers les siècles. Son impact sur Terre a débuté précisément à cause de cette altérité.
Peut-on légitimement se poser la question de la différence de notre espèce, qui ne dépend finalement que de cette rencontre entre peuples ?
L’Homme et l’animal
Les deux règnes semblent s’opposer, l’un dominant l’autre sans aucune compassion.
Le dépôt nous semble être naturel et nous laisse comme seule obligation un culte vers Dieu.
Un mystique de Baghdad, Hallâj (m. en 922), et son maitre Junayd (m. en 910) ont eu une discussion qui à elle seule justifie la lecture de l’ouvrage de Pierre LORY :
« Junayd, se tournant vers Hallâj, lui dit “ Pose la question que tu veux. ” Hallâj demanda : “Qu’est-ce qui produit la différence entre l’individuel et la nature (chez l’homme) ?”.
Junayd répondit : “Je ne vois dans tes paroles que curiosité. Pourquoi ne m’interroges-tu pas sur ton désire de dépasser tes semblables ?” »
Cette question, pourtant primordiale ne pouvait pas se poser. Rien d’autre ne semble avoir d’importance que le culte et l’Homme est censé baser sa vie sur une volonté de gagner une place au paradis.
Le dépôt confié n’est pas une responsabilité vis-à-vis de cette Terre que nous saccageons ?
Plus l’Homme se multiplie, plus sa responsabilité collective est engagée. L’animal, que nous pensons dominer, ne dispose pas du dépôt confié, mais reste un habitant de cette Terre que nous surconsommons, que nous exploitons sans aucune retenue.
La faune dispose d’une sensibilité et d’une intelligence que nous ignorons souvent.
Notre rapport à cette espèce doit être revu ! Nous devons baser notre consommation sur nos besoins vitaux et non sur une gourmandise qui loin de nous sauver, nous enfonce dans un égoïsme qui est loin de la volonté divine de miséricorde.
On raconte plein d’histoires sur la porte de la vallée des chauves-souris, depuis longtemps fermée. C’est une porte monumentale en bronze forgé, perchée sur la vallée et que personne ne sait ce qu’elle cache. Certains racontent qu’elle est hantée par des esprits maléfiques, d’autres racontent que c’est le bi cornu « Dhû-l-Qarnayn » lui-même qui l’a forgée pour faire barrage à Gog et Magog ce peuple qui sortira à la fin des temps pour anéantir l’humanité. Plein d’autres histoires toutes aussi bizarres les unes que les autres, et la disparition de plusieurs de ceux qui ont tenté de l’ouvrir ou de s’y introduire confirment bien les superstitions autour de cette porte.
Dans le village de Khabi’â qui veut dire cachée et qui bien protégée par les montagnes là où aucune route ne passe, ni aucun voyageur, ses habitants vivent de l’élevage et de quelques cultures. Dans le village, personne ne s’approche de la porte ni même de la vallée des chauves-souris, on transmettait cette méfiance de génération en génération et chacune d’elle rajoute des affabulations, les vieilles racontent pleins d’anecdotes sur la porte et on menaçait même les petits, quand ils faisaient des bêtises, de les envoyer à la vallée des chauves-souris , pour les attacher à la porte maudite.
De loin, on aperçoit la porte, imposante et majestueuse, qu’est-ce qu’y a derrière ? que Cache cette porte ? Personne ne le sait dans le village et surtout personne ne veut savoir, on détourne les yeux de cette région et on évite de s’y aventurer ni par le regard ni même par l’imagination, on se contente de ce que les anciens ont raconté. La superstition a fait son effet et a enveloppé la porte de plusieurs couches d’ignorance et de méfiance.
« quand la connaissance devient un lourd fardeau, l’ignorance devient un confort »
Sur la route entre la ville de Jari’â (audacieuse) et la ville de Mâarifa (connaissance), Fahmane (celui qui comprend) chemine tout seul, il a pris l’habitude de voyager tout seul et n’apprécie plus la compagnie des voyageurs trop méfiants avec leurs histoires farfelues sur les dangers de la route, les brigands et surtout les monstres imaginaires. Fahmane pense qu’on devrait ressentir les effets positifs du voyage, apprécier la rencontre avec les autres cultures, profiter de la cohabitation avec l’autre qui est différent et surtout prendre le temps de méditer sur les différents paysages qu’offre la route. Et pour mieux profiter du calme et ne pas perdre son temps avec les bavardages inutiles, il préfère voyager seul sinon à la queue de la caravane. Fahmane se pose souvent des questions et se fie à sa raison plus que tout et aussi à son cœur quand la raison ne lui souffle pas de réponse convenable.
En ce jour bien ensoleillé, Fahmane s’est laissé distancer par la caravane, il chemine seul pour mieux méditer et laisser voguer son esprit, il a osé sortir ses sentiers battus et dévier sa route pour aller à la découverte de l’inconnu. Plusieurs jours sans rencontrer ni ses compagnons de caravane ni aucune âme qui vive, il s’enfonce dans une zone montagneuse, … Il aperçoit de loin une grande porte !
Arrivé à la ville de Khabi’â un peu avant l’aube, il a frappé à la première porte et s’est évanoui d’épuisement. Au petit matin, toute la ville s’est réunie autour de ce voyageur égaré, ça faisait trop longtemps que les gens de la ville n’avaient pas vu un étranger, cloîtrés entre eux dans cet espace confiné entre les montages, ils parlaient tous la même langue, la langue de la région avec le petit accent des montagnards. A peine réveillé, les questions fusent, on demanda à Fahmane, d’où il venait, quel était son nom, quel chemin il avait pris, s’était-il égaré ou venait-il visiter leur ville ?? Fahmane répondait à chacune des questions avec des explications supplémentaires, il avait compris que ses gens ont été longtemps coupés du monde extérieur et n’avaient aucune connaissance de ce qui se passait ailleurs que dans leur ville et ses alentours.
Après quelques jours d’exploration, Fahmane demande au sujet de la grande porte ! les habitants lui ont expliqué qu’elle était maudite, et que dans cette vallée ou vivent des chauves-souris, personne ne devrait s’y aventurer au risque de disparaître ou d’être happé par des djinns maléfiques. Fahmane cherche alors des explications plus raisonnables mais aucune des histoires ne l’a convaincu, il décide alors d’aller voir de lui-même et d’explorer les lieux.
– Tu n’as pas peur Fahmane ?
– La peur est à la frontière de la raison, après cette frontière, le minuscule insecte deviendra un énorme monstre sanguinaire. La peur, mes amis, est un amplificateur des superstitions et des histoire farfelues.
– Et tu n’as pas peur de mourir ?
– Qu’est-ce que la mort si ce n’est le sel de la vie, sans la mort la vie n’aura pas de goût, et à la fin personne n’y échappera, à quoi bon avoir peur !
– Que Dieu te protège, Fahmane l’audacieux !
« La mort est le sel de la vie, sans la mort la vie n’aura pas de goût »
Arrivé au pied de la vallée des chauves-souris, Fahmane escalade la paroi et arrive enfin devant la gigantesque porte en bronze forgé !
C’est ça la fameuse porte qui hante les habitants de Khabi’â ? Fahmane inspecte la porte et remarque que les charnières sont usées et ne tiennent plus, d’un coup d’épaule elle s’effondre laissant apparaître une sorte de tunnel. A l’entrée de ce tunnel est écrit : « C’est le chemin vers Mâarifa, il ne le passera que l’audacieux doué de raison »
Et depuis le passage de Fahmane à la ville de Khabi’â, les gens commencent à s’aventurer dans la vallée des chauves-souris et quelques ’uns ont même osé traverser le tunnel vers Mâarifa et sont revenus pour éduquer et apprendre aux autres ce qu’ils ont appris. Les histoires farfelues sont redevenues des contes et la raison a réussi à déchirer les voiles de l’ignorance.
Quelques siècles après, …
Ô que je souhaite que ma communauté déchire enfin les voiles de l’ignorance et ouvre enfin la porte que les anciens ont fermé !
Voici une petite fiction intéressante pensée et écrite par Sofiane. Une invitation à la méditation…
Il faisait chaud en cette journée du Ramadan, le souk est grouillant des va et vient des acheteurs et rempli de cris des vendeurs aux visages ternes et fatigués par la faim et la soif.
Sheddad (شدّاد) l’étudiant du fiqh effectuait sa tournée de l’après-midi, on l’appelait ainsi, depuis qu’il était étudiant pendant un temps chez un faqih. C’est chez lui qu’il a appris le fiqh et surtout comment l’appliquer, il guettait tout et n’hésite pas à user de son gourdin qu’il transportait partout dans ses tournées d’inspection à la recherche du moindre écart ou manquement aux rites. Il répétait sans cesse un hadith rapporté du Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) « Celui d’entre vous qui voit un mal qu’il le change par sa main. S’il ne peut pas alors par sa langue et s’il ne peut pas alors avec son cœur et ceci est le niveau le plus faible de la foi », Shedad préfère user de sa main et son gourdin, il veut montrer que sa foi est forte.
Dans une allée du marché, là où les vendeurs de sirops proposaient leurs breuvages alléchants, Attar (عطّار) le vendeur de parfum récemment installé dans la ville, négociait le prix d’un pot de sirops de fruit, il prit le pot et sirotant une bonne gorgée. Sheddad qui n’était pas loin derrière, lui a crié « Hé toi l’hérétique, tu oses boire durant le Ramadan ? », et tout de suite un attroupement s’est constitué autour d’Attar, des coups, des cris et des crachas pleuvent sur le pauvre Attar. Mangeur de Ramadan, Fatir (déjeuneur), mécréant (kafir) lui criait la foule. Il y avait, en ses instants, une violence soudaine et ravageuse comme un volcan qui bouillonnait depuis des siècles et qui entre soudainement en éruption, comme-si la soif, la faim et la fatigue de tous les gens de la ville s’est concentrée en une boule de violence contenue et qui s’est abattue sur le coupable désigné. La dernière chose qu’Attar a aperçue était le gourdin de Shedad s’abattant sur lui avant de sombrer dans l’inconscience à moitié mort.
Le cadi Abu Fahmane (أبوفهمان) assis en tailleur lisait le livre d’Abu Nasr Mohamed Al Farabi « les avis des gens de la cité vertueuse ». Il était nommé cadi de la ville depuis trois ans, c’est un cadi ouvert d’esprit et fin connaisseur du fiqh des quatre écoles, il s’intéresse aussi à la philosophie, à Al Mantiq (la logique) et d’autres sciences profanes.
Le bruit de la foule dehors lui parvient aux oreilles, il range précipitamment son livre, dans cette ville les livres de philosophie ne sont pas les bienvenus et un cadi qui s’adonne à cette science risque de se voir réprimé par le sultan ou le wali (gouverneur) de la ville. Arrivés devant la demeure du cadi qui est aussi le tribunal de la ville (Dar al qadha’a), la foule s’immobilisa à sa tête Sheddad gourdin à la main, les cris et les insultes s’élèvent en direction de Attar porté par deux hommes qui le tiennent par les épaules. L’arrivée du cadi impose le silence, Sheddad s’avance et s’incline pour saluer le cadi et explique qu’il a vu de ses propres yeux le monsieur boire un sirop de fruit en plein journée du Ramadan. Le cadi demande à des serviteurs d’emmener Attar à l’intérieur et ordonne à la foule de partir, Sheddad n’avait pas l’air de vouloir partir et demande de juger sur-le-champ le mécréant Attar.
Le cadi déclare alors que le jugement s’effectuera quand le pauvre homme se tiendra sur ses deux pieds et pas avant, il ordonne à ses gardes d’installer Attar dans une chambre et fait appeler le médecin.
Le jour du jugement, la foule est revenue et Sheddad, son gourdin accroché à sa ceinture, est là.
Le Cadi commence par demander le premier témoin, Sheddad, et lui demande de raconter ce qui s’est passé ?
– J’ai vu ce mécréant boire un jus en pleine journée de Ramadan, et je l’ai donc arrêté !
– Et ensuite ?
– Je l’ai frappé de mon gourdin, pour le punir.
– Et pourquoi tu l’as frappé ?
– Je n’ai fait qu’appliquer le hadith de notre prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) « Celui d’entre vous qui voit un mal qu’il le change par sa … ! »
Le Cadi l’arrête et lui demande, et tu as changé quoi ?
Sheddad se montre confus, et dit que boire pendant le jeûne du Ramadan est une transgression grave et mérite châtiment.
Le cadi explique alors, à Sheddad que la décision de punir ne lui appartient pas, et qu’il a mal agi et que ce qu’il a fait mérite punition.
Le cadi appelle ensuite Attar et lui demande pourquoi il a bu hier après-midi en pleine journée du Ramadan ?
– J’avais soif et j’ai acheté un sirop de fruit pour boire !
– tu ne fais pas le Ramadan ?
– Je suis chrétien, répond Attar
Le cadi s’excuse auprès d’Attar, et lui attribue dix pièces d’or en guise de réparation, et il prononce une amande de vingt dinars que Sheddad devra verser à Attar et vingt coups de fouets en public à l’encontre de Sheddad.
Deux semaines plus-tard, Attar fu assassiné, le cadi démis de ses fonctions et envoyé en exil. Sheddad triomphe et la foule avec lui, ils vécurent dans la misère et l’ignorance pendant des siècles et des siècles !
Pi et la connaissance du divin (création originale de l’ARIM)
En tant que non arabophone de naissance et aussi en tant que musulman perpétuellement attentif à m’orienter vers la Face de Dieu (hanif), loin de tout anthropomorphisme, je vois dans le tout et dans ses parties un ensemble insondable de théophanies.
Dès lors, tout devient source d’émerveillement
Les mathématiques nous enseignent que l’on peut regrouper les nombres selon différents ensembles.
Les ensembles évidents
Il y a des ensembles évidents tels que :
Ainsi, pour les quatre ensembles en exemple ci-dessus, on arrive rapidement à considérer que l’ensemble N est inclus dans l’ensemble Z, que l’ensemble Z est inclus dans l’ensemble Q et que l’ensemble Q est inclus dans l’ensemble R.
Les ensembles moins évidents
Il existe également des ensembles moins évidents, et pour certains assez déroutants, tels que :
Et le divin dans tout ça ?
Le symbole π se lit Pi. Il s’agit du nombre ayant pour approximation la plus connue 3.14. Pour autant, 3.14 est une approximation d’un nombre ayant une infinité de chiffre derrière la virgule.
Qui dit infinité dit… infinité. Ainsi, jamais n’importe quelle machine ne saurait atteindre la « fin » de π. Et pourtant, πest une notion aisément manipulable puisque qu’il est indispensable pour calculer le contour d’un cercle de rayon R (2π) ou encore sa surface (πx)
Cette introduction technique et peut être un peu longue pour en venir à Dieu : π est une théophanie. Le nom de l’ensemble auquel πappartient est évocateur (en langue française en tous cas) : transcendant
Parmi les noms de Dieu, dont le sens profond ne m’est pas immédiat, il m’est récemment apparu qu’il en est un qui pourrait qualifier l’ensemble des nombres transcendants : al Qayyoum. La traduction française d’al Qayyoum pourrait être « celui qui s’auto suffit », « l’auto-existant » ou encore « l’immuable ».
Réfléchir sur π est assez vertigineux, un peu de la même manière que réfléchir sur la nature de Dieu. Pour cela, j’aime à penser que π est une offrande faite par Dieu comme un signe (âya) de sa grandeur et comme outil pour affronter le monde en tant que khalif (Coran 2/30).
Allahouma zidna 3ilma
« Ô Dieu, rajoute nous plus de savoir »
La présente analyse fait suite à la vidéo live que j’ai eu le plaisir d’animer avec Omero Marongiu-Perria sur le groupe Facebook« Le Débat Continu ».
La question, éminemment intéressante, permet de réévaluer la place de l’Homme sur Terre. Le monde animal, quant à lui, dispose d’une place toute aussi incertaine que je vais tenter d’expliciter par l’entreprise des sources musulmanes.
Félin dessiné sous forme calligraphique arabe
Il est en effet de coutume de penser que l’islam intègre le règne animal dans le but unique de servir l’être humain qui lui est supérieur tant au niveau de l’intelligence que de la conscience. C’est en effet le cas dans le sunnisme traditionnel (que j’appellerais tradition) qui réduit l’animal à de la nourriture, un moyen de transport ou un vêtement. Ce n’est d’ailleurs pas le cas du seul sunnisme, une très grande partie de la population mondiale se reconnait, peu ou prou, dans cette vision.
Un ouvrage très documenté de Pierre LORY (La dignité de l’Homme, face aux anges, aux animaux et aux djinns, Albin Michel, Février 2018) nous expose un angle de vue islamique presque jamais analysé dans la littérature contemporaine. L’islamologue spécialisé en mystique musulmane réanalyse la problématique en citant principalement des sources tant sunnites traditionnelles, que mutazilite ou mystique.
Coran
Tout d’abord, rappelons que le coran ne dispose pas moins de 6 sourates à consonance animale : vache, bestiaux, abeille, fourmi, araignée et éléphant. Celles-ci ne parlent pas spécifiquement du règne animal. Il y a d’ailleurs évocation de ces derniers indistinctement dans le coran. Il est d’ailleurs curieux de constater que la tradition prend spécifiquement un verset pour justifier la réduction du monde animal :
« Sourate 22 (le pèlerinage), verset 65
N’as-tu pas vu qu’Allah vous a assujetti ce qui est sur la terre ainsi que le vaisseau qui vogue à travers la mer par Son ordre ? »
Néanmoins, les versets qui parlent des animaux sont légion et bien plus subtils que ce que laisse entendre ce seul verset.
Le corbeau et le chien
A titre d’exemple, deux animaux ont eu une mission spécifique qui tranche avec leur supposée manque de conscience.
Tout d’abord, le cas du corbeau, cité au verset 31 de la sourate 5. Celui-ci a été envoyé par Dieu pour apprendre à Caïn (Qabīl) comment enterrer son frère assassiné. Sa fonction fait figure d’enseignement à l’Homme qui débute sa longue mission sur Terre.
Ensuite, le cas du chien des Gens de la Caverne est plus intéressant à analyser. L’histoire de la Caverne, décrite dans la sourate éponyme, parle d’un groupe de croyants pieux ayant échappés à un dirigeant tyrannique pour se réfugier dans une caverne et y dormir quelques temps.
Le chien ici a un rôle de gardien, protégeant ainsi les Dormants de toute attaque. Comment cet animal peut-il avoir telle fonction, lui qui est foncièrement impur et qui éloignerait tout ange tant qu’il investit une demeure ? La traditionest unanime pour affirmer le caractère impur et malsain des canidés. Al-Boukhārī, dans ses hadiths 5480 et 5482 rapporte ceci :
« Celui qui possède un chien, à moins qu’il soit réservé à la chasse, à la garde du troupeau ou des terres, voit sa récompense [note : au jugement dernier] diminuer chaque jour d’un qirāt.»
[Note : Le qirāt est une unité de masse arabe, d’où viendrait probablement le « carat ». Cela correspondrait à la masse d’une graine de caroubier.]
Comment concilier cette sourate avec toute la tradition qui se résume dans le hadith en supra ? Certains exégètes vont même jusqu’à nier qu’il s’agissait d’un chien : « kalb » serait alors un prénom humain ! Tout ceci laisse à penser les exégètes sont gênés à l’idée de la présence d’un chien dans un récit aussi sacré. Quoi qu’il en soit, Fakhr ad-Dīn ar-Rāzī (m. 1210) et Qurtubī (m. 1273) citent Ka’b al-Ahbār (m. 652), selon lequel le chien aurait dit : « Que me voulez-vous donc ? Ne craignez rien de ma part. J’aime les aimés de Dieu. Dormez, afin que je monte la garde pour vous ! ».
La tradition va finalement opter pour une figure d’exception, exception qui confirme bien entendu la règle. On peut aussi ajouter la théorie du « takwin », ces animaux ayant été téléguidés par Dieu afin d’assurer une mission spécifique.
« Don » de la parole
L’eschatologie musulmane, principalement composée de hadith, affirme que le règne animal connaitra un profond changement à la fin des temps. Les prédateurs côtoieront leurs habituelles proies sans volonté de les manger. De plus, un hadith rapporté par Anas indique que les animaux parleront aux Hommes.
Tout ceci nous apprend qu’il y aura un éveil de ces animaux, on ne prend pas alors de risque pour affirmer que ceux-ci seront alors dotés de raison.
Cependant, cette vision pose forcément problème tant elle s’oppose aux préceptes de base de la tradition. En effet, un « consensus » voudrait que les seuls responsables devant Dieu (mukallafūn) soient les djinns, les hommes ainsi que les anges. Les oiseaux du temps de Salomon avaient aussi la faculté de parler, est-ce une preuve de raison ? Rāzī (m. 1210) affirme que ces oiseaux avaient l’intelligence d’un enfant, ce qui retirerait à ces animaux la faculté d’être responsables.
De plus, la parole comprise par l’Homme ne peut pas constituer une conscience. Qurtubī (m. 1273), arrive quant à lui à la conclusion que l’animal a conscience d’être créé et que Dieu est unique, mais que l’être humain ne peut pas comprendre le langage qui est propre à eux.
Communautés religieuses
Un verset peu cité expose ceci :
Sourate 6 (les bestiaux), verset 38
« Aucune bête sur terre, ni oiseau volant de ses deux ailes, qui ne constitue des matries [Note : communautés religieuses. Le terme « oumma » est cité ici] semblables aux vôtres. »
Les animaux constitueraient des oumma ? Jusqu’ici, tout va bien et rien ne pourrait choquer les oulémas. C’est sans compter sur sa possible combinaison avec le verset 24 de la sourate 35 (différenciateur) :
« Vraiment, c’est Nous qui t’avons envoyé par la Vérité comme annonciateur et avertisseur. Or, aucune matrie [Note : communautés religieuses. Le terme « oumma » est également cité ici] n’a passé sans avoir eu un avertisseur en son sein ».
Ici, le problème est bien plus épineux. Les animaux auraient-ils des annonciateurs et messagers parmi eux ? Ceci ne peut se concevoir du point de vue de la tradition. En effet, ce qui a besoin d’un annonciateur est doté d’une conscience théologique. Or, les animaux ont toujours été exclus de cette équation. Ce paradoxe n’a jamais vraiment été traité par les théologiens.
Paradis et enfer
A noter que Dieu indique dans le même verset 38 de la sourate 6 qu’il y a résurrection pour les animaux, et ce sans préciser ce qu’il adviendra par la suite :
« Nous n’avons omis aucune chose dans l’Ecriture. Puis-ils seront réunis auprès du Seigneur. »
Tout d’abord, la plupart des théologiens affirment que les animaux ne sont dotés que par une âme vitale (nafs) et ne sont donc pas dotés du rūḥ (esprit), qui lui est propre à l’Homme. Ceux-ci affirment également que les animaux redeviendront poussière après la résurrection, à l’image de Muqātil (m. 767) qui popularisera cette position. Des hadiths viennent aussi appuyer cette version.
La tradition écrite (hadith) regorge pourtant d’exemples d’animaux présents tant au paradis qu’en enfer. Certains ont évacué le premier problème en indiquant que ces animaux sont nés dans ces contrées paradisiaques et sont présents uniquement pour servir l’Homme. On réutilise l’argument premier de la supériorité hiérarchique des bipèdes imberbes.
Les mu’tazilites émettent une position originale : Dieu ressuscitera les animaux qui ont souffert pour leur offrir une compensation ; puis les fera vivre au Paradis si bon lui semble, ou bien les fera mourir. Dieu ne pouvant en aucun cas contredire sa propre justice et laisser pour compte les êtres qui sont souffert sur Terre.
Cette position qui contredit fortement la vision acharite de Rāzī (m. 1210) et Qushayrī (m. 1074) qui affirment que la règle de la Justice divine ne s’impose pas à Dieu.
Nazzām (m. entre 835 et 845), célèbre mu’tazilite, indique que tous les animaux iraient au Paradis, car que pourrait-on reprocher comme transgression aux animaux ? Par cette assertion, on comprend dès lors qu’il assimile la théorie des animaux semblables aux enfants tout en allant au bout du raisonnement.
Le cadi Abd al-Jabbār (m. 1025) précise que la souffrance imposée par Dieu a un but, un sens, sinon elle serait une absurdité. Dieu a imposé la Loi aux hommes pour donner une récompense à qui suivra cette Loi. Pour cela, l’Homme doit être responsable de ses actes (mukallaf). Les fous, les enfants ainsi que les animaux forment une autre catégorie qui eux recevront une compensation du mal subi.
Al-Jāhiz (m. 867), autre théologien mu’tazilite, fait écho d’une position courante que les animaux féroces, nuisibles ou prédateurs, ne souffriraient pas en enfer mais laisseraient libre court à leur nature en faisant souffrir les damnés. Néanmoins, le cas est plus insoluble reste quand même la présence d’animaux en enfer, et ce tel que l’affirment nombre de hadith. Comment des animaux peuvent vivre dans un lieu si laid s’ils ne sont pas responsables devant Dieu (mukallafūn) ?
Destin croisé ?
La question s’est posée plus d’une fois tellement les textes entrecroisent le devenir des deux catégories. Dieu a puni les êtres vivants lors du Déluge, et ce par la seule faute des hommes. Les différentes races d’animaux ont été certes sauvés par l’Arche de Noé, mais la souffrance qu’ils ont dû subir est bien de la faute des seuls hommes. Paradoxe ultime si on estime que les animaux disposent d’une conscience théologique.
On peut l’expliquer d’une certaine manière, et ce comme le préconise Omero Marongiu-Perria dans la vidéo citée en tout début de texte :
« Les actions des êtres humains ont une conséquence dans le monde, à la différence des autres éléments de la création. L’être humain a accepté de prendre le dépôt, ce qu’ont refusés les autres éléments de la création qui ont vu les conséquences de cet acte. »
Et l’Homme dans tout cela ?
L’Homme est considéré, par un large consensus, comme unique dans la création. Il dispose du dépôt et est le « khalif » de Dieu (successeur, vicaire ou lieutenant) sur Terre :
Sourate 2 (la vache), verset 30 :
Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges: « Je vais établir sur la terre un vicaire » ».
Par la suite, les anges émettent une remarque :
« Ils dirent : « Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ? » – Il dit : « En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas !». »
Ce verset indique sans équivoque que l’Homme dispose d’une fonction spécifique sur Terre, bien que nous ignorions réellement celle des animaux et autres éléments de la création. Par ce dépôt, la responsabilité de l’avenir de la Terre dépend clairement des hommes. Le réchauffement climatique est du fait de l’Homme, la déforestation l’est aussi, ainsi que l’extermination de certaines espèces animales et végétales.
Un fait est indéniable : plus l’être humain se multiplie, plus nous sentons son impact sur Terre. A titre d’exemple, la simple fête de l’Aïd al-Adha fait mourir un nombre très important de bêtes, et ce sans oublier l’impact sans précédent sur l’écologie : les cargos transportant des centaines de milliers de bêtes au même moment. Au-delà cette question spécifique, la surconsommation de viande fait poser le même problème.
Nous devons revoir notre relation au monde animal par l’entremise de cette responsabilité et non s’attacher de manière passionnée et irraisonnée aux traditions qui reflètent une autre réalité, celle ou l’Homme n’était pas aussi important sur Terre.
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