Le mois béni de ramadan est arrivé, il charrie avec lui tout un panel d’émotions et de représentations fortes pour tous les musulmans, qu’ils soient densément pratiquants, semi pratiquants, voire peu ou pas pratiquants.

Ce mois en particulier peut être perçu comme « le mois de l’islam ». Pendant cette période, nous, musulmans, commémorons la révélation du Coran à notre prophète Muhammad (sawas), mais plus encore, c’est aussi le mois du renouveau.

Par une pratique assidue et contraignante, le corps se soumet à la volonté de l’esprit. Dit de cette manière, la chose peut sembler banale. Et pourtant, elle ne l’est pas vraiment.

Jeûner en s’abstenant de manger, de boire et d’avoir des rapports charnels, est chose relativement simple au bout de quelques années de pratiques.

C’est lorsque cette étape d’abstinence est assimilée et intériorisée que l’on se rend compte que la pratique du sawm (jeûne) va bien au-delà d’une simple question d’ascèse encadrée. Dans ses Confessions, Augustin a écrit :

« L’esprit commande au corps et on lui obéit sur-le-champ, l’esprit se commande à lui-même et on lui résiste. » [VIII, IX, 21]

Le jeûne ascétique relève de l’esprit qui commande au corps. Mais comme le dit Augustin, c’est lorsque « l’esprit se commande à lui-même » qu’il rencontre de la résistance. C’est justement cette partie qui est la plus problématique pour les musulmans en quête de ce mois béni de ramadan. C’est aussi à cet aspect du mois que la plupart des abstinents semblent ne pas être sensibles. Pendant ramadan, le croyant est censé redécouvrir le Coran, méditer sur lui-même et son comportement, voire adopter une nouvelle hygiène de vie. La pratique du sawm est la seule qui ne se voit pas. Lorsque l’on jeûne, on le fait pour soi-même, Seul Dieu connaît nos pratiques et nos intentions.

En cela, il y a dans le sawm une dimension intime, en ce sens que la réalité de cette pratique, n’est pas soumise aux regards extérieurs, mais uniquement à la connaissance de Dieu. Outre l’abstinence physique, le sawm est aussi une abstinence des pulsions. Ne pas s’énerver, ne pas médire, ne pas souhaiter le mal. Sans doute, les versets du Coran dont les musulmans devraient garder trace dans leur mémoire sont les suivants :

« Belle et mauvaise action ne s’équivalent pas : repousse la mauvaise action par une belle, et voilà que celui qu’opposait à toi l’inimitié mutuelle prend les traits d’un allié chaleureux. / C’est vrai qu’une telle magnanimité, ne la rencontrent que les patients, ne la rencontre que le bénéficiaire d’une chance insigne. / Ou alors te démange une démoniaque démangeaison : dans ce cas réfugie-toi en Dieu : Il est l’Entendant, le Connaissant » (41:34-36)

Permettez-moi une petite parenthèse personnelle, ce ramadan 1436 est le premier que je vis sans mon père depuis son décès, je pense très fort à lui en ce moment particulier.

Du fond du cœur, je souhaite à tous, amis et moins amis, famille, proches, connaissances ou tout curieux qui découvre ce texte, un mois de ramadan plein de grâces et de bénédictions divine.

Que votre jeûne, votre effort, et vos nobles aspirations trouvent agrément auprès de Dieu le Juste, et le Sage. Que Dieu nous donne la force de résoudre nos problèmes, discréditer ceux qui usurpent Sa guidance pour ne proposer qu’un chemin de sang et de haine. Que Dieu nous accorde assez de clairvoyance pour que nous puissions apporter soutien, solutions, et projets pour le futur à toutes les victimes des conflits, tous les réfugiés, les orphelins et les esseulés qui voient arriver ce mois béni l’âme détruite et en souffrance.

Ô Dieu, permets nous de soulager la peine de ceux qui souffrent, alléger leurs fardeaux, et leur apporter du réconfort. Ô Dieu agréé auprès de Toi le retour de nos parents, nos enseignants, ceux qui nous ont précédé dans la foi, et tous les êtres de bonne volonté qui sont revenus vers Toi. Amin, amin, amin !

A tous : je vous souhaite un mois riche en spiritualité, en méditations et en grâces !

Louanges à Dieu, Seigneur des mondes.