Association pour la renaissance de l'islam mutazilite (ARIM)

Catégorie : Études libres Page 4 of 7

Souleymane Bachir Diagne

Souleymane Bachir DIAGNE, Comment philosopher en islam ?, Paris, Philippe Rey, 2008

Sur la raison

« Peur de la raison et que son usage fasse glisser et tomber dans l’incroyance ? Ceux qui ne craignent rien tant que la raison livrée à son propre pouvoir, la pensée libre et qui questionne, s’empressent de dénoncer une spéculation qui semble avoir fait « sécession avec la pensée dogmatique ». « Sécession », iʿtazala en arabe, donnera leur nom à ces théologiens que l’on appellera donc des mutazilites, c’est-à-dire, littéralement, « ceux qui se sont séparés ». (…) Peur de la raison. Mais que dire alors d’une situation où le rationalisme se mettrait à exiger que tous se conformassent à ce qu’il demande et serait prêt à régner, au besoin, par la terreur ? Serait-ce une contradiction absolue de voir la raison décider de gagner les esprits et les cœurs par la force ?

Histoire du pluralisme théologique en islam de 632 à 750

Ceci est un compte-rendu détaillé du cercle de lecture organisé par l’ARIM le 13 mai 2017. Nous avons voulu nous concentrer pour ce premier atelier de réflexion sur la mise en valeur du pluralisme des courants théologiques de l’islam.

Nous nous concentrons ici sur la période des quatre premiers califes (632-661) puis sur la période des califes omeyyades (661-750).

Abû Hurayra, le douteux ?

Né ‘Abd al-Shams (« serviteur du soleil »), le Prophète (saws) l’aurait rebaptisé ‘Abd al-Rahman. Fort de cette rencontre, le désormais ‘Abd al-Rahman promet de se sacrifier pour le Messager de Dieu. Abû Hurayra est censé avoir transmis 5374 hadiths et est cité dans plus de la moitié des isnâd (chaîne de transmission) classiques des hadiths, ce qui fait de lui le plus grand traditionnistes (muhaddith) connu.

Parmi la plupart des auteurs, il n’aurait connu Muhammad (saws) que de manière tardive : quatre années avant la mort de ce dernier. Il fut très pauvre du vivant du Prophète (saws), devint gouverneur de Bahreïn durant le règne de ‘Umar Ibn al-Khattâb, abandonna ce poste puis redevint émir de Médine sous le califat controversé de Mu’âwiya.

Youssef Seddik, Le grand malentendu

Youssef Seddik, Le grand malentendu. L’Occident face au Coran, Paris, Éditions de l’Aube, 2016

La lecture des œuvres de Youssef Seddik a contribué à me faire approfondir ma relation avec l’islam dont j’avais « hérité ». Ses analyses, toujours empreintes d’amour pour le sceau des prophètes, pour le Coran et pour Dieu, m’ont aidé à mieux comprendre le caractère universel du message prophétique. En effet, sans dogmatisme et avec honnêteté d’esprit, cet intellectuel m’a ouvert les yeux sur l’histoire des Arabes, de l’islam, des musulmans, leur relation avec le monde grec, romain, occidental. Ainsi j’ai fini par démythifier mon rapport à l’islam de sorte qu’il soit aujourd’hui plus pur, plus raisonné, plus sincère.

Françoise Micheau, Les débuts de l’Islam. Jalons pour une nouvelle histoire

Françoise Micheau, Les débuts de l’Islam. Jalons pour une nouvelle histoire, Paris, Téraèdre, 2012

Qui ne s’est jamais posé des questions sur l’historiographie classique de l’islam ? La question, pourtant essentielle, parait pourtant taboue dans la société islamique, où contradictions et approximations font office de vérités absolues. Cette histoire, la sîra nabawiyya, est considérée indissociable de la foi elle-même. Impossible pour le musulman lambda d’évoquer le sujet. Quiconque se hasarderait d’ailleurs à émettre la moindre critique se verrait accusé au minimum de révisionnisme, au  pire du fameux modernisme tant honni des traditionalistes.

Comment vivait-on l’islam au temps du Prophète ?

Force est de constater que les premiers écrits sur la période où Muhammad reçut la Révélation n’ont été rédigés qu’après sa mort en 632 et au moment de la formation du califat. Les califes avaient besoin d’écrire une nouvelle histoire impériale, d’inventer de nouvelles normes, d’homogénéiser le droit et ils devaient s’adapter à de nouveaux contextes sociaux et géographiques (la Syrie pour les Omeyyades, l’Irak et l’Iran pour les Abbassides, dans des empires qui s’étendaient de l’Indus à Gibraltar).

Ainsi, il est vain de croire que l’islam des premiers musulmans du VIIe siècle serait celui décrit dans des sources rédigées aux VIIIe et IXe siècles. Il est donc urgent aujourd’hui de se débarrasser de toutes les excroissances normatives et théologiques postérieures si l’on veut réellement prétendre toucher du doigt la manière dont Muhammad vivait son islam.

Quête étymologique et approche historico-critique

Être attentifs aux mots. Telle pourrait être notre devise. La quête du sens étymologique, la recherche linguistique et philologique permettent d’éclaircir voire d’élucider de nombreux problèmes d’interprétation. Linguistique, philologie, étymologie. Autant de termes qui, pour certains, risqueraient de soumettre le texte aux sciences humaines dites, à tort, « occidentales », auxquelles on associe aussi l’histoire, l’anthropologie, la sociologie…

Beaucoup de musulmans ont peur de les utiliser. Outre ceux qui les rejettent totalement, certains les regardent de loin, considérant qu’elles peuvent être utiles pour en savoir plus sur l’histoire de l’islam, mais peu de musulmans estiment qu’elles peuvent être une source d’épanouissement spirituel.

La culture comme remède

« Quand j’entends le mot culture, je sors mon pistolet », c’est la phrase qu’un metteur en scène allemand fait dire à l’un de ses personnages, un haut dignitaire nazi, dans une de ses pièces de théâtre.

C’est aussi le sentiment de beaucoup de monde quand il est question de culture, y compris dans le monde musulman, ou dans les communautés musulmanes dispersées en dehors de sa sphère géographique.

La contrainte de la Loi peut-elle être libératrice ?

Nous avons vu dans un précédent article que ce que l’on traduit par loi divine (sunnat Allâh) n’est pas seulement une loi qui n’aurait pour but que de nous asservir dans une condition immuable sans possibilité de changer, mais que cette loi, par son étymologie arabe, inclurait l’idée de formation et d’aiguisement.

C’est comme si l’Homme, en s’appropriant cette loi, cette nécessité de se perfectionner, l’incorporait à lui-même et ainsi devenait autonome pour créer de nouvelles lois.

Ce que Dieu a légué à l’Homme

Le Coran accorde une place très importante à l’Homme, nous invitant à méditer sur notre rôle dans la Création. En effet, plusieurs versets nous indiquent la manière dont Dieu créa l’Homme. Il ne le créa pas en un jour, cela se fit sur plusieurs étapes et sur une longue durée.

Dieu donna à l’Homme un enseignement, une sorte de formation pour qu’Adam s’améliore et se perfectionne.

Page 4 of 7

Copyright - 2016 & Tous droits réservés

3eae4793ab876cd93bffeb62a548ecdfYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY