[Note méthodologique : le billet, comme le nom l’indique, n’est pas une exégèse, mais une courte pensée que m’inspire ce verset. Pas une analyse théologique détaillée. Je vous propose ici un billet personnel qui consiste à dire quelque chose sur le verset coranique qu’une application religieuse me propose. En effet, chaque jour, cette application me propose « le verset du jour ». Voici celui d’aujourd’hui ]

يٰا أَيُّهَا اَلنّٰاسُ إِنّٰا خَلَقْنٰاكُمْ مِنْ ذَكَرٍ وَ أُنْثىٰ وَ جَعَلْنٰاكُمْ شُعُوباً وَ قَبٰائِلَ لِتَعٰارَفُوا إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِنْدَ اَللّٰهِ أَتْقٰاكُمْ إِنَّ اَللّٰهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ

الحجرات

Ô vous humains, Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Si Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, c’est en vue de votre connaissance mutuelle. Le plus digne au regard de Dieu, c’est celui qui se prémunit davantage — Dieu est Connaissant, Informé

Lorsque j’ai ouvert mon application pour écrire ce billet, j’étais curieux de voir quel verset l’outil informatique allait me proposer. J’avoue avoir été non pas surpris, mais conforté dans mon idée que, peut-être, cette idée de billet n’était pas mauvaise. En effet, après un premier billet qui s’est intéressé surtout à la question du bel-agir et à la justice divine (voir ici) ; ce verset lui pose l’importance de diversité et de l’importance de la connaissance et donc de la reconnaissance mutuelle.

La diversité

D’abord, il faut rappeler que cette sourate, al-Hujurât, les appartements, comme la traduit Jacques Berque, est une sourate tardive, probablement révélée après la prise de La Mecque en 630, vers la toute fin de la mission du prophète Muhammad (sawas). Ce qui est frappant dans cette sourate, c’est son aspect général que l’on pourrait qualifier de testimonial. En effet, cette sourate insiste sur des conseils et prescriptions de bienséance morale. A cinq reprises, elle commence par « Ya ayyouha-l-ladhîna âmanou », « Ô vous qui croyez », ce sont des interpellations directes en direction des croyants pour leur dire ce qu’il faut faire. La dernière interpellation de cette sourate, c’est ce verset. Il ne s’agit plus d’interpeler les croyants, mais tous les humains, on passe de « Ya ayyouha-l-ladhîna âmanou » à « Ya ayyouha-l-nâssou », « Ô vous humains », et ici, l’enseignement qui est adressé aux hommes est empirique : Dieu nous a créé à partir des genres mâle et femelle, et de leurs connexions sont nés des êtres qui se sont diversifiés en cultures et populations différentes dans le but que tous se connaissent (ta’arafou).

La reconnaissance

Le mot ‘urf, qui est la radicale du terme arabe, désigne la « connaissance », le « savoir » voire la « coutume », « ce qui est admis ou reconnu ». Ainsi, la diversité dans l’humanité n’a pas vocation à séparer les Hommes, mais plutôt à faire en sorte qu’ils apprennent à se connaître, voire même à se reconnaître les uns les autres. Car la suite du verset dit bien, « Inna akramakom ‘ind allahi atqâkom », « le plus digne au regard de Dieu, c’est celui qui se prémunit davantage ». Que veut dire « se prémunit davantage », se prémunir de quoi ? Il s’agit de se prémunir du mal. Car le mal mène vers ce qui est proscrit et ce qui peut pervertir les humains. Le mal et la perversion (l’atteinte à la dignité des Hommes et à leur intégrité) mènent vers la corruption morale, et donc les mauvais actes, et in fine, la justice divine qui sanctionne cette perversion. Car comme le dit le verset et le conclut « inna Allaha ‘alîmon khabîr », « Dieu est Connaissant et Informé ».