Dans la matinée du 6 février 2013, Chokri Belaïd, une figure importante de la gauche tunisienne, combattant pour la dignité humaine et pour la justice même sous le régime dictatorial de Ben Ali, a lâchement été assassiné devant son domicile à Tunis.
Il a été enterré vendredi 8 février accompagné de dizaines de milliers de tunisiens. Malgré sa défense des opprimés sous la dictature et la défense des classes les plus défavorisés aujourd’hui, certains refusent de prier Dieu d’accepter l’âme du défunt sous prétexte qu’il n’était pas musulman. Autrement dit, si un être connu pour ses excès et sa vie « mauvaise » nominalement musulman meurt, il est juste de prier sur son âme. Mais si un juste, qui ne parlait pas de religion meurt, il est exclu de la communauté des croyants de manière posthume, et sans aucune justification.
Outre le fait que Chokri Belaïd, laïc convaincu estimait que la religion n’avait pas sa place au parlement, peu de choses sont connues sur ses vues spirituelles. Plus que ces questions d’affiliations, ce monsieur a vécu toute sa vie dans le but de défendre la justice et les droits des gens. Or, Justice et Vérité vont de pair. Comment penser la justice sans connaître le réel ? C’est impossible. Car si la justice devait se fonder sur autre chose que sur ce qui est, ce ne serait plus la justice, mais une croyance. Une croyance ne peut relever de la justice, mais de la subjectivité. Chokri Belaïd, avocat, s’appuyait sur les réalités auxquelles il était confronté pour défendre la justice, vertu cardinale du Coran, et charge donnée à l’Homme par Dieu.
Récemment, un imam rendait hommage au Che Guevara, dont il loua la vie de combattant au nom du peuple comme étant une vie conforme aux enseignements du Prophète et de l’islam. Car sa vie a répondu à l’ordre de faire le bien et l’interdiction de faire le mal. Même si des nuances sont à prendre en compte ici, même si le Che s’est retrouvé pris dans un mouvement qui le dépassait et dont il a fini par s’éloigner, son intention, son exemple, est celui d’un combattant pour l’égalité et le respect du droit de tous. Le Che ne reconnaissait pas le dieu des Eglises, cet Être universel et chose en soi au-dessus de tous. Mais il savait le sens de ce qu’impliquait Dieu. Autrement dit, il connaissait Dieu en acte. Sa vie a été celle de celui qui comprend le sens « Dieu », même s’il ne reconnait pas l’existence d’un être transcendant. Le retour appartenant à Dieu, nous pouvons le prier pour qu’Il accorde clémence et agrément à ceux qui le rejoignent.
Le cas de Chokri Belaïd relève de la même dynamique. Sous Ben Ali, Chokri Belaïd, a défendu tous les réprimés par le régime : opposants démocrates, syndicalistes, salafistes et autres. Apres la Révolution dite du « Jasmin », il défendait le droit des laissés pour compte, des plus pauvres et des classes populaires. Il était l’un des membres les plus en vue du Front Populaire tunisien, une alliance de partis de gauche et d’extrême gauche. Pour lui, la justice, l’égalité des droits et l’ordre de faire le bien et l’interdiction de faire le mal, donnaient un sens réel et plein à sa vie, nous devons prier Dieu pour son âme, peu importe ses croyances et son credo.
Dieu à fait de la justice un fondement important de notre vie, et un objectif que nous devons atteindre. En Chokri Belaïd, nous voyons un exemple à suivre, un juste mort en martyr. Que Dieu agréé son âme, et lui accorde Sa miséricorde et ce qu’il aura mérité.
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