Mutazilisme

Association pour la renaissance de l'islam mutazilite (ARIM)

Auteur : Faker Korchane (Page 3 sur 9)

Aïd mubārak, tous nos voeux de bonheur et de célébrations agréées

Salam à tou.te.s, 

En ce premier jour de Chawwāl 1441, l’association pour la renaissance de l’islam mutazilite vous souhaite à tou.te.s un excellent Aïd célébré avec vos proches (autant que faire se peut). Que Dieu agréé nos dévotions et qu’Il nous éclaire par le savoir et le discernement et qu’Il nous illumine de Sa présence, Lui qui est « Lumière sur Lumière ».

Notre activité s’est ralentie ces derniers temps, mais nous revenons très bientôt à une activité plus visible inchallah.

Wa salāmu aleykom

Compte-rendu du cercle de discussion du 18 janvier 2020

Samedi 18 janvier dernier, se tenait le premier cercle de discussion abordant la nouvelle thématique de cette année, à savoir « être mutazilite aujourd’hui ». Pour cette première, il a été question de savoir si le mutazilisme pouvait mieux aider les musulmans qui y adhèrent, à vivre en Occident.

Mutazilisme et Occident selon le sheikh al-Haydari

Cette question a émergé suite à une sorte de conférence de rédaction en ligne tenue entre les membres de l’ARIM. Celle-ci m’a tout particulièrement retenue mon attention car elle faisait écho à des propos tenus par un religieux shi’ite imamite irakien, le sheikh Kamal al-Haydari, marja’ (référent religieux et guide). Dans une vidéo extraite d’un de ses cours filmés, le sheikh al-Haydari a estimé que l’Occident vivait conformément à la pensée ou à la philosophie mutazilite (voir ici). En effet, il a estimé que les occidentaux s’estimaient responsables de leurs actes et de leur devenir. Certes, aux yeux du religieux irakien, les occidentaux continuent d’aller à l’église le dimanche matin et rendent donc grâce à Dieu. Mais, pour lui, ils partent du principe qu’ils maîtrisent complètement leur destin. Pour sheikh al-Haydari, cette manière de concevoir les choses et de vivre, est conforme à la vision mutazilite.

Les causes secondes (tawalud)

Ainsi, il précise que certains « auteurs mutazilites » (sans préciser de nom), ont expliqué que, si jamais nous devions imaginé que Dieu ne soit plus là, que Dieu est mort (comme le dira Nietzsche), cela changerait-il quoique ce soit au fonctionnement du monde ? La réponse est non. Car pour les mutazilites, Dieu a créé le monde avec ces règles, comme il a créé les humains dotés de certaines spécificités et règles, ce que le sheikh dénomme tafwidh (que l’on peut traduire par débordement, mais que nous mutazila préférons désigner sous le vocable de tawalud, ou « causes secondes »). Le tout fonctionne de manière autonome. C’est pourquoi, sheikh Kamal al-Haydari explique la position des mutazilites en prenant un exemple architectural. Ainsi, une fois un bâtiment mis sur plan par un architecte, et une fois celui-ci mis sur pieds par des maçons, le bâtiment a-t-il encore besoin de l’architecte et des maçons pour exister ? Evidemment, la réponse est négative. Dans le même ordre d’idées, sheikh Kamal al-Haydari compare les discours dans les avions entre Occident et monde musulman. En Occident, le commandant de bord annonce l’heure d’arrivée prévue, et combien de temps durera le vol. Dans le monde musulman,  chaque annonce est ponctuée par l’expression « inchallah » (si Dieu veut). Façon de dire que là où les occidentaux s’en remettent à eux-mêmes, les orientaux, in fine, s’en remettent à Dieu. Plus profondément encore, le religieux irakien précise que c’est grâce à cette philosophie que les occidentaux ont pu obtenir une amélioration de leur condition (droits sociaux, politique, économique, cultuel…) et donc, faire progresser la condition humaine.

Ainsi, le sheikh shiite, en recourant à un raisonnement analogique, montre comment l’application de la philosophie mutazilite en Occident a permis de faire évoluer la situation humaine en Occident. Evidemment, l’Occident ne pratique pas la philosophie mutazilite sciemment. Mais à partir du moment où libre-arbitre et principe de raison suffisante (nihil est sine ratione, rien n’est sans raison) sont reconnus, alors mêmes causes, mêmes effets. En fin de vidéo, le sheikh dit bien que cette manière de voir n’est pas celle du shiisme duodécimain, de même qu’il rejette l’abandon à la volonté divine et la prédestination (jabr).

Pour conclure, nous dirons tout simplement que le mutazilisme insiste sur la capacité des Hommes à faire par eux-mêmes, créateurs de leurs actes et donc responsables. Pensée qui sort le croyant d’une mise sous tutelle et d’une forme d’infantilisation des croyants.

Wa Allahu a’lam

Bonne année 1441

En ce début de mois de mouharram, l’équipe de mutazilisme.fr et de l’ARIM (Association pour la renaissance de l’islam mutazilite) vous souhaite à tou.te.s une heureuse année hégirienne 1441.

Retour sur les enseignements du ʿAïd al-aḍḥā

Lā ilāha illā Allah, Muḥammad rasūl Allah, Il n’y a de Dieu que Dieu, Muhammad messager de Dieu (D. R.)

Comme chaque année nous avons fêté dimanche 11 août dernier, l’ʿAïd al-aḍḥā « la fête du sacrifice ». Cette fête, est avec celle qui clôture le mois de jeûne de ramadan, l’ʿAïd al-fitr « la fête du ”manger” », l’une des fêtes majeures de l’islam. Comme chacun sait, les croyants sacrifient un mouton en mémoire de la geste d’Abraham telle que rapportée dans les récits biblique et coranique. Dans cette geste, Abraham était sur le point d’égorger son fils pour honorer Dieu. Mais un ange vint lui livrer un mouton pour le substituer au fils promis en holocauste. Ainsi, chaque année, un nombre important de musulmans commémore cet épisode de la prophétie, dont le principal enseignement pour la plupart d’entre eux, relève de l’obéissance absolue d’Abraham envers son Seigneur….Et pourtant, une relecture du récit coranique invite à une compréhension plus nuancée du texte, et donc, déduit une sagesse différente de celle généralement admise.

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L’art de savoir quand commence (et prend fin) le mois béni de ramadan

Photo : D.R.

La période du ramadan est toujours un moment quelque peu houleux au sein des musulmans de France. Les organisations officielles s’opposent généralement pour savoir quand le mois béni commence et quand il finit. Nouvelle dans le paysage islamique de France, la Mosquée Fatima se doit d’avoir son idée sur cette question  Il s’agit de connaître l’avis de la Mosquée Fatima, en tant qu’organisation musulmane, sur la méthode de fixation du début du noble mois de ramadan.

La mosquée Fatima est une organisation religieuse musulmane porteuse d’un discours reposant sur deux valeurs fondamentales : la rationalité et la spiritualité, qui sont au cœur du message coranique, et donc au cœur de l’islam. Même si elle est porteuse de recommandations et de pratiques, c’est la responsabilité des fidèles qui est la règle absolue. Autrement dit, tout acte doit trouver sa raison d’être dans la volonté libre de celui ou celle qui l’accomplit. En cela, la Mosquée Fatima peut être rattachée au courant religieux dit libéral.

Cela étant posé, se pose la question de savoir comment pensons-nous la question de la détermination du début du mois de ramadan. Pour ce faire, il faut commencer par revenir au texte fondateur, le Coran. Nous n’allons pas nous intéresser au jeûne en tant que tel dans cette réflexion, mais uniquement sur la détermination du mois de ramadan. Ainsi, au verset 185 de la sourate 2 (al-Baqara/la Vache, traduction de Jacques Berque légèrement modifiée par nos soins) :

« Le mois de ramadan est celui durant lequel a été descendu le Coran, en tant que guidance pour les hommes et que preuves ressortissant de la guidance et de la démarcation (entre le bien et le mal). Quiconque parmi vous sera témoin de la naissance de ce mois, le jeûnera. A qui serait malade, ou se trouverait en voyage, incombe un même nombre de jours pris ailleurs. Dieu n’exige de vous que l’aisé (yosr), Il n’exige pas de vous le malaisé (ʿosr).A vous de parfaire le nombre imparti, en glorifiant Dieu de Sa guidance…- peut-être Lui en aurez-vous gratitude ».

Ce passage coranique est fondamental, c’est celui qui consacre le mois de ramadan comme mois de jeûne. Donc, il faut jeûner pendant ce mois à partir du moment où l’on a constaté qu’il avait commencé. Les mois du calendrier hégirien sont lunaires. A la nouvelle lune (un croissant de lune naissant pour être précis) on déclare le mois commencé. La question épineuse est de savoir comment savoir que le nouveau mois commence. Jusque là, la méthode utilisée était celle de la vue (ru’ya).Il suffisait qu’une personne de confiance informe les autorités religieuses d’avoir aperçu le nouveau croissant pour que le mois soit déclaré « commencé. » En cas de mauvais temps, la visibilité n’est pas de mise. Alors, on reporte le début du mois au jour d’après. Car un mois lunaire n’excède pas 30 jours. C’est pourquoi, c’est au 29jour de shaʿbān que les religieux se réunissent pour observer la lune ou attendre qu’une personne de confiance l’ait fait.

La préférence méthodologique de la Mosquée Fatima

En ce qui nous concerne, nous estimons que cette manière de faire est aujourd’hui problématique. Car non seulement, nous avons les moyens de savoir à l’avance le cycle lunaire, et nous sommes capables de fixer les dates de début et de fin du mois de ramadan, et ce longtemps à l’avance et depuis longtemps. Or ne pas le faire, est source de « malaise » (ʿosr), ce que Dieu ne nous veut pas selon le verset cité plus haut. Au contraire, Dieu nous veut ce qui est aisé (yosr). Nombre de croyants ont des difficultés aujourd’hui pour s’organiser avec leurs employeurs quant à la date des fêtes islamiques (al-fitr, et al-Adḥā), l’usage veut que les employés puissent prendre leurs journées en accord avec leurs patrons en prévoyant à l’avance, de manière à ne pas mettre les entreprises en difficulté. C’est en somme une question de respect de deux principes islamiques éthiques fondamentaux : l’usage (ʿorf), et du savoir vivre (ādāb). Or, comment prévoir à l’avance si on ne peut être au courant que la veille ou l’avant-veille. Des gens aimeraient prendre une partie de leurs vacances durant cette période, mais doivent choisir des dates au « pifomètre », ce qui peut parfois provoquer de véritables frustrations spirituelles, comme lorsque vous vous êtes débrouillés pour reprendre votre activité le jour même de l’aïd al-fitr par exemple. Mais ce problème est envisageable avec les autres occasions de célébration religieuse (comme l’aïd al-Adḥā déjà évoqué, et à une moindre échelle, les jours de jeûnes de ʿAshūrā, du Mawlid…).

Or, le calcul astronomique permettrait de connaître à l’avance les dates de début et de fin du mois de ramadan (cette année 1440/2019, le début est fixé pour le 6 mai et la fin pour le 4 juin), c’est pourquoi nous adoptons cette méthode de calcul et la soutenons. Un certain nombre de versets coranique nous permettent de savoir que le calcul, et la détermination à l’avance du mouvement des astres, sont des dispositions auxquelles nous pouvons (devons ?) avoir recours. Ainsi :

« Le soleil et la lune évoluent selon un calcul minutieux » (55, 5) ;

« Fendeur de l’aube, Il a fait de la nuit une phase de repos; Le soleil et la lune pour mesurer le temps avec exactitude. Voilà l’ordre précis conçu par le Puissant, l’Omniscient. » (6,96) ;

« C’est Lui qui a fait du soleil une clarté et de la lune une lumière, et Il en a déterminé les phases avec exactitude afin que vous sachiez le nombre des années et le calcul (du temps). Dieu n’a créé cela qu’en toute vérité. Il expose les signes pour les gens doués de savoir. » (10,5) ;

« Ils t’interrogent sur les nouvelles lunes – Dis : “ Elles servent aux gens pour compter le temps, et aussi pour le pèlerinage“ » (2, 189) ;

« Et la lune, Nous lui avons déterminé des phases jusqu’à ce qu’elle devienne comme la palme vieillie. Le soleil ne peut rattraper la lune, ni la nuit devancer le jour; et chacun vogue dans une orbite » (36, 39-40) ».

Enfin, nous appelons nos sœurs et frères musulmans, en vertu des deux versets suivants, à se référer au Coran en se basant sur la raison : « Nous leur avons, certes, apporté un Livre que Nous avons détaillé, en toute connaissance, à titre de guide et de miséricorde pour les gens qui croient » (7, 52) et « En effet, Nous avons rendu le Coran accessible pour la méditation. Y a-t-il quelqu’un pour réfléchir ? » (54, 17).

Nous vous souhaitons à toutes et à tous, ainsi qu’à nous-mêmes, un excellent mois d’effort, en jeûne, abstinences, méditations, prières et invocations. Le mois de ramadan n’est pas le mois du gâchis alimentaire, ni des nerfs à vif, c’est le mois où l’on doit se rappeler des valeurs fondamentales de l’islam, de l’ouverture aux autres, de la solidarité, du partage, et de la patience. C’est le mois durant lequel les corps doivent se restreindre pour permettre aux âmes et à la vie spirituelle de prendre un surplus de place et de réalité au quotidien.

Et Dieu sait le mieux/Wa Allahu aʿlam

Texte basé sur un article publié initialement sur le site de l’association Parle moi d’islam (http://www.parlemoidislam.com/la-lune-dans-le-coran/), revu et corrigé avec l’autorisation des auteurs, par et pour l’organisation religieuse la Mosquée Fatima. Texte aussi soutenu par l’Association pour la renaissance de l’islam mutazilite.

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