Claude Debussy a su, dans sa Suite bergamasque, par l’usage unique de quelques touches de piano, et par une certaine et extrême sensibilité acoustique, produire un son semblant s’élever au-dessus du temps. Quelques minutes qui s’enchainent au-dessus des contraintes matérielles, se mariant avec elles, semblant même jouer avec elles. Une note, suspendue entre deux, dans un son clair, apparait ainsi comme l’évidence. Elle ne devait pas être ailleurs, elle devait être là. Il en va de même pour de nombreuses notes de ce Claire de Lune de Debussy.
Après un tel intermède, le retour à la quotidienneté est parfois difficile, si ce n’est, plus occasionnellement, brutal. Cela peut arriver lorsqu’une discussion que l’on espère légère et sympathique se transforme en combat d’argumentaire théologique mettant en évidence le fossé gigantesque qui peut exister entre deux types d’islam. La différence n’est pas encore ici un mal, au contraire, elle a toujours été une miséricorde (rahma) dans la communauté. Par contre, dans ce genre de cas, l’épreuve réside dans l’emploi du raisonnement intellectuel face un discours constitué d’amas d’idées courtes et de références à des sources passées.
Cet article fait suite à deux autres parties : cf. partie 1 et partie 2.
Le mutazilisme en Algérie, au Maroc et en Espagne
Qu’en est-il du mutazilisme en dehors de l’Ifriqiya aghlabide ? Le Maroc actuel doit son origine à Idris Ier (m. 791), un zaydite. Or, les zaydites sont aussi mutazilites. En effet, les cinq principes du zaydisme étant ceux du mutazilisme (unicité, justice, promesse et menace, demeure intermédiaire, commandement moral – cf. ici pour plus de détails). C’est sans doute ce qui explique que les Aghlabides et les Idrissides étaient alliés (avec des hauts et des bas, le partage d’une foi commune n’étant pas suffisante pour établir des alliances politiques).
Cet article fait suite à une première partie que vous pouvez consulter ici. Dans la première partie, il a été question de l’établissement de l’État aghlabide et de l’établissement d’une première judicature mutazilite. Mais avec Muhammad Ier, les choses changent, et le sunnisme malikite prend de l’ampleur. Suite des événements…
Muhammad Ier (841-856), favorise le malikisme suite à la tentative de son frère, Abû Ja’far Ahmad de lui prendre le pouvoir en 846. Après une série d’événements et un intermède d’un an, Muhammad Ier parvient à reprendre les rênes de l’État. Cela fut possible parce que Muhammad Ier avait reçu l’appui des malikites, des religieux mais aussi des masses. Contrairement à la politique d’équilibre de ses aïeux, Abû Ja’far se montra hostile au ahl al hadîth (partisans du hadith) et tenta d’importer la mihna (épreuve) en Ifriqiya contre le chef incontesté des sunnites maghrébins de l’époque, l’imam Sahnûn (776-854). Il s’attaqua aussi aux Banû Humayd, aristocrates malikites proches conseillers des émirs aghlabides.
Le Maghreb (Occident arabo-musulman) présente actuellement un paysage religieux assez original par rapport au Machrek (Orient arabo-musulman). En effet, l’Orient, bien que majoritairement musulman sunnite, compte beaucoup de variétés, internes et externes. Par externes, j’entends les autres religions, christianisme, judaïsme voire d’autres. Mais mon intérêt dans cet article concerne la diversité interne. Par interne, j’entends la diversité dans l’islam.
Toutes les écoles juridico-rituelles (madhâhib / singulier madhhab) sont représentées avec des majorités variables entre les régions (entre hanafites, chafi’ites, malikites et hanbalites notamment via leur excroissance actuelle, qu’est le salafisme). Mais le Maghreb présente une incroyable homogénéité, en raison de la domination quasi exclusive du sunnisme malikite.
Retrouvez sur le lien suivant l’ARIM qui a pu participer au LIVE HIHI à Bruxelles le 23 décembre 2017. Nous avons eu la chance d’être interviewés et de représenter notre association autour du thème suivant : « Vers un renouveau mutazilite ? ».
Merci à toute l’équipe de HIHI TV pour cette opportunité !
Retrouvez sur le lien suivant les vidéos du colloque sur « Les réformistes musulmans et leur rayonnement dans l’espace francophone », organisé à l’EHESS les 29 et 30 septembre 2017 par Steven Duarte, Omero Marongiu-Perria et Djuhra Benchir.
C’est au cours de ce colloque que l’ARIM avait pu être représentée par notre porte-parole, Imaad Hallay.
Ce vendredi 1er décembre 2017 correspond au 12 rabi’ al awwal de l’année 1439 selon le calendrier hégirien. Autrement dit, en ce jour, les musulmans célèbrent la naissance du prophète Muhammad (s*).
C’est un jour de joie et de partage, l’occasion pour les proches de se voir, et d’échanger des douceurs (en Tunisie, c’est une crème à base de graines de pin d’Alep, assidat zgougou), mais aussi et surtout, de méditer sur la vie du prophète, et de s’inspirer de lui comme modèle.