Mutazilisme

Association pour la renaissance de l'islam mutazilite (ARIM)

Histoire du pluralisme théologique en islam de 632 à 750

Ceci est un compte-rendu détaillé du cercle de lecture organisé par l’ARIM le 13 mai 2017. Nous avons voulu nous concentrer pour ce premier atelier de réflexion sur la mise en valeur du pluralisme des courants théologiques de l’islam.

Nous nous concentrons ici sur la période des quatre premiers califes (632-661) puis sur la période des califes omeyyades (661-750).

Islam et modernité

Depuis qu’il est devenu incontestable que les nations, qui pourraient être décrites comme « musulmanes », vivent un retard sur de nombreux plans (politique, sociétal, technologique…) et que, dans le même temps, le fait islamique soit survenu en contexte occidental, une même question revient inlassablement, mettant dos à dos islam et modernité. L’islam serait vu comme incompatible avec un ensemble de qualificatifs inséparables de la modernité : la laïcité, le droit des femmes, la démocratie…

Prenons le peu de hauteur nécessaire lorsqu’il s’agit de manipuler une association aussi valise que « islam et modernité ». En effet, dans les consciences, ce couple est souvent vu comme l’association d’éléments aussi contraires que le jour et la nuit. Souvent, du point de vue musulman apparait un mélange de culpabilité, d’énervement et de fascination à l’égard de la modernité. A l’inverse, il est courant de constater du point de vue occidental une crainte, une incompréhension voire un rejet vis-à-vis de l’élément islamique.

Les cercles de discussion de l’ARIM (2017-2018)

Présentation des cercles de discussion

Ces rencontres ont lieu un samedi par mois sur Paris à La Maison Verte (vous pouvez vous inscrire ici). Le calendrier se divise en trois grandes thématiques et une bibliographie est proposée pour chaque séance afin de compléter nos discussions (cf. programme ci-dessous). Aucun prérequis n’est nécessaire pour discuter des sujets que nous souhaitons explorer. L’objectif est que chaque participant(e) ressorte en ayant quelques connaissances supplémentaires sur le sujet mais surtout de nombreuses interrogations pour mener sa propre réflexion personnelle.

Développements sur le libre arbitre en islam

Le concept du libre arbitre de la conscience humaine, et donc de la responsabilité des actes des humains face à une justice divine, est un élément caractéristique de la pensée mutazilite. Ainsi, dans une grille de lecture théologico-centrée, l’existence d’un libre arbitre humain mettrait en jeu, en apparence, des paradoxes qui mettent à mal tantôt la notion de justice divine, et tantôt celle de puissance divine voire dans certains cas la notion de connaissance divine. Est-il possible de sortir de ces paradoxes ? Développons.

La notion de libre arbitre humain, des pensées et des actes, est contestée par les tenants de la prédestination de ces pensées et de ces actes, ainsi que leur inscription par Dieu sur une table gardée, de toute éternité.

Abû Hurayra, le douteux ?

Né ‘Abd al-Shams (« serviteur du soleil »), le Prophète (saws) l’aurait rebaptisé ‘Abd al-Rahman. Fort de cette rencontre, le désormais ‘Abd al-Rahman promet de se sacrifier pour le Messager de Dieu. Abû Hurayra est censé avoir transmis 5374 hadiths et est cité dans plus de la moitié des isnâd (chaîne de transmission) classiques des hadiths, ce qui fait de lui le plus grand traditionnistes (muhaddith) connu.

Parmi la plupart des auteurs, il n’aurait connu Muhammad (saws) que de manière tardive : quatre années avant la mort de ce dernier. Il fut très pauvre du vivant du Prophète (saws), devint gouverneur de Bahreïn durant le règne de ‘Umar Ibn al-Khattâb, abandonna ce poste puis redevint émir de Médine sous le califat controversé de Mu’âwiya.

Que faire du fiqh en islam ?

Une observation de la pratique, ou du moins, de la relation qu’entretiennent les musulmans vis-à-vis de leur religion conduit à un constat : un grand crédit est accordé à la discipline jurisprudentielle (fiqh) comme moyen de rencontre avec le divin.

Mais la quête n’est-elle pas tout autre ? Voyons-le. Un travail est à mener afin de dépasser la méconnaissance actuelle du récit historique qui conduit aujourd’hui à une association, voire une réduction, de l’islam à des règles jurisprudentielles.

Youssef Seddik, Le grand malentendu

Youssef Seddik, Le grand malentendu. L’Occident face au Coran, Paris, Éditions de l’Aube, 2016

La lecture des œuvres de Youssef Seddik a contribué à me faire approfondir ma relation avec l’islam dont j’avais « hérité ». Ses analyses, toujours empreintes d’amour pour le sceau des prophètes, pour le Coran et pour Dieu, m’ont aidé à mieux comprendre le caractère universel du message prophétique. En effet, sans dogmatisme et avec honnêteté d’esprit, cet intellectuel m’a ouvert les yeux sur l’histoire des Arabes, de l’islam, des musulmans, leur relation avec le monde grec, romain, occidental. Ainsi j’ai fini par démythifier mon rapport à l’islam de sorte qu’il soit aujourd’hui plus pur, plus raisonné, plus sincère.

Imân, foi ou croyance ?

On confond trop souvent foi et croyance. Or, ce n’est pas seulement une affaire de mots. Dans ses traductions du Coran, Maurice Gloton a choisi judicieusement de ne pas traduire l’imân par croyance mais par l’actualisation du Dépôt confié. Nous sommes ici bien loin du registre de la simple croyance ou de l’opinion, mais dans celui d’une expérience et d’un état de l’être.

La foi vient du latin fides (confiance, fidélité) ou encore feodus (traité, alliance). Il s’agit donc d’être  garant(e) d’une responsabilité, de respecter un pacte fait avec Dieu en actualisant le Dépôt qu’il nous aurait confié : ce dépôt peut se comprendre comme une sorte de trésor contenant l’ensemble de qualités et vertus qu’il est de notre ressort de mettre en œuvre au cours de notre vie. Il s’agit de rester fidèle à Dieu : non en se soumettant mais en restant loyal(e) en vertu du cadeau qu’Il nous a donnés : en nous élevant vers Lui, en nous unissant à Lui grâce à l’actualisation de Ses propres qualités qu’Il a déposées en nous.

« Je me sentais toujours appelée par l’islam, mais j’avais peur d’être accaparée par un courant radical… »

Nous remercions Hikma pour ce nouveau témoignage et pour avoir rejoint notre équipe. Elle témoigne de ce besoin grandissant de vivre l’islam autrement. De plus en plus de musulmans et de musulmanes cherchent à mener une quête spirituelle authentique et sereine, grâce à l’exercice de leur sens critique et de leur liberté, loin de tout dogmatisme et de toute pression communautaire.

« À l’adolescence, j’ai découvert le Maroc puis l’Égypte. Deux coups de foudre. J’ai lu beaucoup de livres sur ces pays, puis sur la civilisation arabe, vu beaucoup de documentaires et de films. L’un des sujets sur lesquels je me suis penchée était forcément l’islam. J’ai lu le Coran en français. Certaines sourates m’ont parues très complexes, et même étranges pour un jeune esprit élevé dans une éducation très libérée.

Farideh Alavi, Le Masnavi Maʿanavi : Poésie d’amour, poésie de raison

Farideh Alavi, « Le Masnavi Maʿanavi : Poésie d’amour, poésie de raison », Plume, 1 (printemps-été 2005, publiée été 2006), p. 9-25

Djalâl al-Dîn Rûmî (Balkh, 1207 – Konya, 1273), surnommé Mawlânâ, est un poète qui a profondément influencé le soufisme. Il a fondé à Konya la confrérie des « derviches tourneurs ». On continue à l’heure actuelle à avoir beaucoup de respect pour sa poésie même parmi des non-musulmans.

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